La directrice du Conseil canadien pour les réfugiés, Janet Dench, a exprimé, dimanche, ses craintes que les efforts déployés par le gouvernement d'Ottawa pour accueillir des milliers de réfugiés syriens ne finissent par entraîner la création d'un "système à deux vitesses" dans le pays.
Mme Dench, qui a rappelé que l'obtention du statut de réfugié au Canada est normalement un processus "bureaucratique complexe" qui comporte plusieurs règles, des quotas et des restrictions de toutes sortes, a fait savoir que plusieurs de ces barrières ont été abolies pour faciliter l'arrivée des Syriens sur le sol canadien.
Cependant, a-t-elle mis en garde, cette disparité peut nuire aux réfugiés venant d'autres pays. "Le système a été établi pour décourager les gens. Il est difficile, sinon impossible, de parrainer des réfugiés d'autres nationalités", a-t-elle dit.
En réaction aux propos de Mme Dench, le ministre fédéral de l'Immigration et des Réfugiés, John McCallum, a tenu à affirmer que même si beaucoup d'attention est portée à l'égard des réfugiés syriens, les migrants en provenance d'autres pays ne sont pas négligés pour autant.
Toutefois, il a admis que ces derniers doivent s'armer de patience puisque son équipe doit composer avec d'interminables listes d'attente.
"Un de nos principaux défis est de les réduire et de diminuer les délais de traitement des demandes. C'est que nous nous efforçons de faire, mais cela ne se réglera pas du jour au lendemain", a-t-il précisé.
Et M. McCallum de faire remarquer que cette situation est due au gouvernement conservateur sortant.
Selon des données du ministère canadien de l'Immigration, le temps moyen d'attente pour un réfugié africain ou venant du Proche-Orient et bénéficiant d'un parrainage privé était de 45 mois en 2015. Dans certains cas, l'attente pour obtenir le visa d'entrée peut même atteindre 69 mois, soit un peu moins de six ans, contrairement à ce qui se passe actuellement avec les réfugiés syriens accueillis par les différentes provinces canadiennes.
Pendant la campagne électorale, le Premier ministre Justin Trudeau avait promis d'accueillir 25.000 réfugiés syriens, se trouvant au Liban, en Jordanie et en Turquie d'ici fin 2015, mais cet objectif s'est heurté à plusieurs problèmes d'ordre administratif et logistique, ce qui a poussé le nouvel Exécutif à Ottawa à revoir son plan initial qui s'étend maintenant jusqu'à fin février pour honorer son engagement.
15 fév. 2016
Source: MAP