Formation des rabbins et imams, abattage rituel… Le Consistoire israélite et le Conseil français du culte musulman (CFCM) vont travailler « en profondeur » sur plusieurs sujets dans des « commissions mixtes », une première, ont indiqué dimanche les deux institutions.
Cette décision a été prise lors d’une rencontre cette semaine entre les membres des bureaux du Consistoire et du CFCM à l’Ecole rabbinique de France à Paris.
« Cette rencontre au plus haut niveau de la représentation du judaïsme et de l’islam a permis d’aborder de nombreux sujets », écrit dans un communiqué le Consistoire, citant « l’antisémitisme, le racisme antimusulman, le jihadisme, la formation des rabbins et des imams » ou encore « l’abattage rituel ».
« Plusieurs commissions mixtes doivent prochainement être mises en place afin de travailler plus en profondeur sur chacun de ces sujets », ajoute le texte.
Créé en 1808 par Napoléon, le Consistoire est l’organe de représentation religieuse de la première minorité juive d’Europe, forte d’un demi-million de personnes, croyantes ou non. Il gère 400 synagogues.
Fondé en 2003 par Nicolas Sarkozy, le CFCM représente les mosquées, aujourd’hui au nombre de 2.500 (y compris les simples salles de prière), pour 5 millions de musulmans, pas tous pratiquants.
« Entre une institution juive très ancienne, mais qui représente beaucoup moins de fidèles, et l’institution musulmane qui est récente mais fédère beaucoup plus de lieux de culte, il s’agit de voir comment on peut échanger sur nos expériences relatives », explique à l’AFP le président du Consistoire central, Joël Mergui.
« En 2008 nous avions engagé de petits travaux ensemble, notamment sur l’abattage rituel, mais ce n’était pas aussi structuré », ajoute le responsable juif.
« C’est la première fois qu’on passe à ce niveau supérieur de dialogue », confirme à l’AFP le président du CFCM, Anouar Kbibech. « Le Consistoire et le CFCM ont des sujets d’intérêt commun », souligne-t-il, évoquant la filière casher et l’alimentation halal, pour laquelle il envisage une taxe visant à financer la construction de lieux de culte.
Le responsable musulman voit dans ce rapprochement « une volonté commune d’envoyer un message positif à la jeunesse, pour l’inciter à construire le vivre ensemble ».
« On a intérêt non seulement à renforcer le dialogue mais à l’organiser pour qu’il soit efficace, et à donner l’exemple », estime Joël Mergui, rappelant être né, comme son « ami » Anouar Kbibech, à Meknès (Maroc). « Cette proximité renforce la possibilité de travailler ensemble », relève-t-il.
21 février 2016
Source : AFP