Abandonner la question de la lutte contre la migration, recadrer ce phénomène dans l’ère de la mondialisation, créer les conditions nécessaires et mettre en place une organisation des départs et des retours des compétences maghrébines.
Telles sont les suggestions de Mohamed Saib Musette, sociologue et chercheur au Centre de recherche en économie appliquée au développement (CREAD). L’invité de l’émission ‘’l’entretien‘’ est co-auteur d’un nouvel ouvrage intitulé "De la fuite des cerveaux à la mobilité des compétences? (une vision du Maghreb)", paru en 2016.
La migration, un défi commun du Maghreb, mais des politiques séparées
Le bon élève en la question est bien la Tunisie. ‘’La Tunisie a créé une agence pour organiser les départs et aussi le retour des compétences. ‘’De plus, la Tunisie est attractive. En effet, ce pays dispose de 25 universités privées, souligne M. Musette.
‘’La Tunisie dispose de capacités de formation supérieures intéressantes. Elle organise les départs des compétences, mais elle organise aussi l’arrivée, ce sont 8000 étudiants étrangers qui payent leurs formation en Tunisie.‘’
Pour le Maroc, la gestion des départs/arrivées est différente. ‘’Le Maroc produit beaucoup de diplômés. Mais il a un système éducatif relativement faible puisqu’il y a beaucoup d’analphabètes et un nombre important de personnes non scolarisées‘’ fait savoir M. Musette. Cependant, ce pays met en place un système qui consiste à envoyer les diplômés (à l’étranger), en retour le Maroc organise l’investissement de la diaspora dans le pays.
Concernant l’Algérie, ‘’il y a eu des départs non organisés‘’ déplore M. Musette. Ce dernier fait savoir qu’il existe un organisme qui, en principe, organise ces départs.‘’ En effet, l’ANEM (agence nationale de l’emploi) a abandonné cette mission souligne le chercheur du CREAD.
Discuter du phénomène de la migration dans le cadre de la coopération internationale
Les pays de la rive sud (en l’occurrence les pays du Maghreb) devraient introduire le débat de la migration au sein des grands espaces de dialogues internationaux et régionaux (5+5, Union Africaine...). Toutefois,
M. Musette espère un changement de vision, d’approches et de démarches de ces pays. ‘’On ne doit plus rester dans la défensive, il faut passer à l’offensive maintenant‘’ martèle-t-il.
‘’Avec les objectifs du développement durable, la migration doit faire l’objet de négociations dans les espaces de dialogues. ‘’On doit pouvoir créer nos grandes universités maghrébines, avec les meilleurs professeurs et accueillir les meilleurs étudiants.
Des pôles d’excellence, comme on l’a fait pour les finances, avec la plus grande école de finances qui se trouve en Tunisie, et qui forme pour toutes les banques de la région… on va le faire aussi à Tlemcen avec la plus grande école sur les énergies. ’’
20/02/2016, Hani Ghoualmi
Source : huffpostmaghreb.com