Une douzaine d'associations engagées dans l'accueil des migrants en Italie ont dénoncé mardi dans un communiqué commun le traitement des nouveaux arrivants dans les "hotspots" mis en place à la demande des autorités européennes.
L'Italie a déjà ouvert trois de ces centres d'enregistrement destinés à identifier et trier les migrants - sur l'île de Lampedusa, à Pozzalo et à Trapani en Sicile - et prévoit d'en ouvrir deux autres en Sicile et un à Tarente (sud), portant leur capacité totale de 1.200 à 2.100 places.
Mais les associations, parmi lesquelles Caritas, Sant'Egidio ou Médecins sans frontières, ont dénoncé "une dérive fortement négative" révélée par le fonctionnement des trois premiers centres.
L'objectif des policiers italiens et de l'agence européenne Frontex, qui gèrent ces centres, est d'identifier les migrants "et de mener une distinction arbitraire entre demandeurs d'asile et migrants économiques, sans appliquer en aucune manière la procédure prévue par la norme", dénoncent-elles dans leur communiqué.
"Nous savons que des centaines de personnes, tout en ayant manifesté leur volonté de demander la protection, ont reçu des avis de +renvoi différé+ avec obligation de quitter l'Italie dans les sept jours", expliquent-elles.
Elles ont été abandonnés "littéralement en pleine rue, sans assistance", devenant des proies faciles pour la criminalité organisée, "que ce soit comme victimes ou complices, ce qui alimente le sentiment d'insécurité dans ces territoires", ajoutent-elles.
Ces pratiques continuent malgré l'intervention des juges, qui ont régulièrement suspendu les avis d'expulsion. Et alors que le droit international impose d'examiner les situations individuelles, de nombreux migrants sont automatiquement considérés comme "non réfugiés" simplement parce qu'ils viennent de pays comme la Gambie, le Sénégal, le Nigéria ou le Ghana. Même l'accueil de ceux considérés comme des réfugiés quasi-automatiques (essentiellement les Erythréens pour ce qui est des migrants arrivant en Italie) est "un échec substantiel", toujours selon ces associations.
"Les liens des demandeurs d'asile avec un pays européen ne sont pas suffisamment pris en compte, tandis que les autres pays ont le droit de refuser l'accueil : tout cela se traduit par une logique qui fait du demandeur d'asile un +paquet+ à déplacer, et non une personne à protéger, à accueillir, à assister dans son parcours d'intégration", dénoncent les associations.
01 mars 2016
Source : AFP