Entamé lundi avec des heurts, des incendies et des jets de gaz lacrymogènes par la police, le démantèlement de la zone sud de la jungle de Calais, où vivent de 1 000 (selon la préfecture) à 3 500 migrants (selon les associations) se poursuit jour après jour. Il pourrait durer près d'un mois.
Libération.fr vous propose de suivre, tout au long de la journée, ce démantèlement, en explorant la jungle et ses alentours, et en allant à la rencontre de ceux qui sont venus ici - d'Iran, d'Irak, de Syrie, d'Afghanistan - avec un objectif : en repartir pour atteindre l'autre côté de la Manche.
08:45 . L'arrivée des CRS dans la jungle de Calais, par notre journaliste Albert Facelly.
Les premiers CRS viennent d'arriver dans la jungle de Calais, selon notre journaliste Célian Macé qui se trouve sur place (et inaugure son compte Twitter pour l'occasion). L'évacuation du camp devrait se poursuivre ce matin.
Les premiers CRS pénètrent dans le camp.
08:14 Quelles nationalités vivent dans la jungle ?
Dans le camp de Calais, les Afghans forment la communauté la plus puissante. Ils sont les plus nombreux, tiennent la plupart des commerces, mais contrôlent aussi les réseaux de passage vers l'Angleterre. Sont aussi présents plusieurs centaines de Soudanais, d'Ethiopiens, de Kurdes et d'Iraniens. Chaque nationalité est regroupée en petit village. Les destructions de la zone sud ont d'abord touché les Soudanais, avant de s'étendre aux Iraniens mardi, puis aux Kurdes mercredi.
08:08 Ali : «Ici au moins, je suis avec des Afghans avec qui je peux parler»
On commence notre direct dédié au démantèlement de la jungle de Calais par un témoignage, reccueilli par nos journalistes du place :
Ali est arrivé dans la jungle il y a un mois. Il a quitté la province du Logar, en Afghanistan, en décembre dernier. Il a essayé plusieurs fois de passer en Angleterre. Mais la traversée est si difficile qu'il assure qu'il va finalement demander l'asile en France. Lui n'a pas de famille qui l'attend de l'autre côté de la Manche.
«Il n'y a pas de bon ou de mauvais pays, il y a des bons ou des mauvais endroits dans chaque pays, dit-il. Ici, c'est un mauvais endroit.» Mais il refuse de prendre le bus : «Les demandes d'asile, là-bas, prennent des mois et des mois, où nous sommes isolés, perdus. Ici au moins, je suis avec des Afghans avec qui je peux parler. Je préfère attendre la décision à Calais.»
Il a suivi anxieusement l'avancée des démolisseurs pendant toute la journée d'hier. Son abri, dans la zone sud, n'a pas encore été rasé par les bulldozers, mais un feu en a brûlé une grande partie dans la soirée. Il s'est résolu à demander un lit dans le camp de containers de l'Etat qui jouxte la jungle pour dormir au chaud, malgré sa peur de la prise des empreintes palmaires (nécessaire pour accéder au camp). Sans succès. Il a dû, avec les trois personnes qui partageaient sa bicoque numéro 6538, passer la nuit chez des amis. (photo Albert Facelly)
04.03.16, Célian Macé
Source : liberation.fr