Alors que l’espace de libre circulation des accords de Schengen est mis à mal par la réponse de certaines États membres à la crise migratoire, la Commission de Bruxelles a présenté vendredi 4 mars un plan de rétablissement progressif de la liberté entière de circulation d’ici à la fin 2016.
L’Union européenne a présenté vendredi 4 mars dans l’urgence son plan pour sauver l’espace Schengen de libre circulation. Car la crise migratoire a mis à mal depuis l’automne 2015 la libre circulation normalement garantie entre les pays signataires de l’espace Schengen. En effet, huit pays membres ont, un à un, rétabli provisoirement des contrôles à leurs frontières pour endiguer les arrivées de migrants sur leur territoire.
Incapables d’apporter une réponse coordonnée, les pays de l’UE continuent à se déchirer sur cette question tandis que les arrivées de migrants continuent sans interruption, avec plus de 130 000 arrivées en Europe depuis janvier 2016, selon le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR).
Crise humanitaire
En Grèce, cette fermeture pose des problèmes humanitaires car le pays est démuni pour gérer les 24 000 personnes actuellement bloquées sur place, un chiffre qui risque de continuer à grossir faute de solution. « La Grèce ne peut pas gérer toute seule » ce fardeau, a répété jeudi 3 mars son Premier ministre Alexis Tsipras.
Pour aider ses États membres en première ligne sur la route des migrants, l’UE a proposé cette semaine une aide humanitaire d’urgence de 700 millions d’euros.
Des pertes de 5 à 18 milliards d’euros
Pour l’Europe entière, ces dysfonctionnements au sein de l’espace Schengen risquent aussi, à terme, d’avoir des conséquences sur l’activité économique car le rétablissement des frontières pèse sur les échanges entre les pays membres.
« La création de l’espace Schengen sans frontières intérieures a apporté d’importants avantages aux citoyens européens comme aux entreprises », a ainsi souligné la Commission européenne vendredi 4 mars, qui chiffre à une fourchette entre 5 et 18 milliards par an les coûts directs d’un retour des contrôles frontaliers.
Les priorités de l’exécutif européen
« L’objectif serait de lever tout contrôle aux frontières intérieures, pour que l’on puisse revenir à un fonctionnement normal de l’espace Schengen d’ici fin 2016 », a indiqué la Commission européenne. La feuille de route (lire ci-contre) décrit, étape par étape et selon un calendrier précis, les actions à mettre en œuvre pour parvenir à cet objectif.
L’exécutif européen a en outre réaffirmé vendredi le « besoin immédiat de pallier les récentes failles dans la protection de la frontière externe (de l’UE) en Grèce », où ont transité illégalement plus de 868 000 personnes en 2015, a réaffirmé vendredi la Commission.
Créer un corps européen de garde-frontières et de gardes-côtes
Pour Bruxelles, une approche européenne coordonnée est nécessaire. « Nous devons remédier aux manquements graves constatés à nos frontières extérieures – car, de fait, un espace sans contrôles aux frontières intérieures n’est viable que si ses frontières extérieures sont dûment protégées », a ainsi déclaré Dimitris Avramopoulos, commissaire pour la migration, les affaires intérieures et la citoyenneté.
« À cet effet, poursuit le commissaire européen, il faut que les États membres adoptent sans retard la proposition de créer un corps européen de garde-frontières et de garde-côtes que la Commission a présentée en décembre, afin que ce nouveau corps puisse entrer en opération dès cet été. Il est temps à présent que les États membres unissent leurs efforts dans l’intérêt commun. »
04/03/2016
Source : La Croix