mercredi 3 juillet 2024 18:25

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Alger déplace 1 600 migrants subsahariens à Tamanrasset

Le meurtre d’Azzedine Bensaïd poignardé par un migrant nigérien sans que la raison en soit encore connue, mercredi 2 mars, a dégénéré en une chasse aux migrants à Ouargla, ville pétrolière du Sud algérien. Le bilan en est pour l’heure controversé : 22 migrants auraient été blessés selon la sûreté départementale. De son côté, la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADDH) fait état de « 5 morts et 30 blessés » accusant les pouvoirs publics d’avoir dissimulé les corps des migrants. Le chef de la sûreté départementale, le wali (préfet) ainsi que le directeur de la santé ont réfuté ces accusations.

« En plus des multiples violations des droits de l’homme qu’ils subissent au quotidien, ces migrants, démunis et sans papiers pour la plupart, sont devenus une cible facile », s’indigne Salah Dabouz, le président de la LADDH. Main-d’œuvre bon marché, ils sont souvent accusés de vol et de sorcellerie. En novembre 2014, dans le même département, un autre jeune homme, Mohamed Bensayeh, 33 ans, avait été tué par des réfugiés à coups de couteau. En représailles, leur camp avait été attaqué et réduit en cendres. Seize personnes avaient été tuées, selon un bilan officiel.

Le nombre des migrants subsahariens en Algérie est mal connu. La gendarmerie nationale avance le chiffre de 150 000. Dans une enquête publiée en février, l’ONG Médecins du monde indique que 43 % des migrants vivant sur le sol algérien viennent du Cameroun, suivis directement des Nigériens, des Nigérians, des Maliens, des Congolais (Kinshasa) et des Ivoiriens.

Procédures de retour

Pour mettre un terme à ces affrontements, les autorités algériennes ont décidé de déplacer les migrants subsahariens de Ouargla à Tamanrasset, une ville où transitent les exilés venus du Mali et du Niger. 1 200 ont déjà parcouru les 1 600 km qui séparent les deux villes, encadrés par le Croissant-Rouge algérien (CRA). Un cortège de treize bus, suivi d’une vingtaine de camions pour les bagages avec 80 chauffeurs relais, une équipe médicale et un convoi sécuritaire et humanitaire du CRA ont été mobilisés. « Reste 200 migrants à prendre en charge dans les jours à venir », explique Saïda Benhabyles, présidente du CRA, jointe par téléphone.

La responsable du RCA dément par ailleurs les rumeurs annonçant un rapatriement massif des migrants dans leurs pays d’origine une fois accueillis à Tamanrasset. « Seuls 250 Nigériens seront rapatriés à la demande des autorités de leur pays, les autres pourront rester à Tamanrasset, affirme-t-elle. Des réseaux de mendicité de femmes et d’enfants nigériens ont été démantelés sur le sol algérien. J’ai donné instruction d’épargner les femmes enceintes jusqu’à accouchement et de soigner les malades avant de les rapatrier. Chaque personne quittera le sol algérien avec un sac de 75 kg de denrées alimentaires. » Plusieurs missions de rapatriement ont déjà été menées depuis 2014.

Le CRA sensibilise les migrants sur les procédures de retour, mais peu se portent volontaires. Ils exigent une prise en charge financière ou un travail avant de repasser la frontière.

Lors du sommet de La Valette sur la migration en novembre 2015, les dirigeants européens et africains se sont entendus sur l’octroi d’un fonds d’aide d’1,8 milliard d’euros destiné à l’Afrique. C’est dans ce cadre que 500 000 francs suisses (456 000 euros) ont été versés par le gouvernement suisse pour les Nigériens rapatriés d’Algérie, redistribués sous la forme d’une aide à la réalisation de microprojets. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) assure la gestion du fonds et le CRA, le déroulement de l’opération.

09.03.2016, Meziane Abane

Source : Le Monde.fr

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