C’est une première. Dans le cadre de la Semaine d’éducation et d’actions contre le racisme et l’antisémitisme, le musée national de l’histoire de l’immigration a décidé de se mettre sur son 31 pour sensibiliser le public, et notamment les jeunes, à la lutte contre toutes les formes de racisme. Du mardi 22 au dimanche 27 mars, soixante dix événements gratuits : des spectacles, performances artistiques, des débats, des séances de cinéma, des ateliers, un forum citoyen… Pour en parler, Peggy Derder, chef de projet sur cet événement.
LCDL : En quoi est-ce important pour le musée de l’histoire de l’immigration d’organiser un événement qui a pour but de lutter contre le racisme ?
Peggy Derder : Notre rôle premier est de faire connaître et reconnaître l’histoire et les apports l’immigration à la société française. Et nous avons une responsabilité citoyenne et pédagogique. Il nous apparaît donc important de participer à cette semaine de lutte contre le racisme. D’autant plus qu’il est essentiel pour comprendre certains de ces phénomènes de connaître le passé. Notre exposition permanente "Repères", aborde deux siècles d’histoire de l’immigration, et revient par exemple sur des événements comme les massacres des Italiens à la fin du XIXè siècle, l’antisémitisme des années 1930 ou les ratonnades des années 70 ou encore la Marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983. Nous allons recevoir des groupes scolaires et de nombreux visiteurs pour connaître, débattre, échanger.
Vous vous adressez aussi aux professionnels ?
Oui. Au cœur de la semaine, mercredi 23 mars, est organisée une rencontre entre les acteurs de terrain, enseignants, médiateurs, bénévoles, travailleurs sociaux, etc. Tous ceux qui sont confrontés quotidiennement aux conséquences du racisme et des discriminations. Ils pourront parler de leurs différentes expériences.
Il y aura des choses un peu plus festives aussi…
Oui ! En tant que musée, nous voulions aborder ces thèmes aussi par une approche culturelle, par l’art. Nous avons donc invité plusieurs artistes. Parce que les artistes contemporains ont beaucoup de choses à dire sur le racisme, l’identité, les stéréotypes. Ils sont souvent aux avant-postes pour dénoncer le racisme sous toutes ses formes. Ils surprennent, ils émeuvent, ils interrogent. Nous avons choisi de travailler avec des chorégraphes et des danseurs. Nous proposons trois spectacles de danse d’un très haut niveau, du vendredi au dimanche avec les grands Pierre Rigal, Mourad Merzouki et Radhouane El Meddeb.
Vous avez invité aussi des street artistes ?
Oui ! Deux grandes installations en forme de totems seront sur le parvis du Musée et les street-artistes d’Osaro viendront graffer devant le public. Il y a aussi COMBO, quelqu'un qu'on ne présente plus, qui avec sept autres artistes, interviendra sur des affiches ouvertement racistes, leur manière à eux de sensibiliser le public à cette problématique. Un atelier de sérigraphie sera également mis en place, permettant aux visiteurs de repartir avec une affiche. Enfin, un immense drapeau français sera confectionné à partir de tissus de toutes les origines pour illustrer la diversité du pays.
17 mars 2016, Nadir Dendoune
Source : Lecourrierdelatlas.com