mercredi 3 juillet 2024 18:20

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Les migrants candidats à l'exil en Grèce discrets le long des côtes turques

Perché à flanc de falaise, le radar des garde-côtes turcs balaie la mer Egée à l'affût de l'écho des canots de migrants clandestins. Quelques heures après l'entrée en vigueur du plan turco-européen, la ruée redoutée vers les îles grecques n'a pas eu lieu.

Partout où porte le regard, la mer est d'huile. Sur les quelques milles nautiques qui séparent les côtes turques de l'île de Lesbos, pas un bateau suspect à l'horizon.

Au pied des collines couvertes d'oliviers, la petite baie qui borde la ville de Dikili, dans le nord-ouest de la Turquie, est parfaitement calme. Difficile de croire que ce petit paradis à vacanciers est aussi l'un des tremplins favoris des centaines de candidats à l'exil qui tentent chaque jour la traversée pour la Grèce.
"D'habitude, les passeurs les déposent ici par centaines après minuit, Afghans, Syriens ou Irakiens, et ils descendent jusqu'à la côte", raconte l'employé d'un hôtel tout proche en pointant le lieu du doigt. "En général, les canots s'élancent entre 4h00 et 8h00".

Mais en ce dimanche, aucune agitation ne suggère un quelconque départ imminent.

Conclu vendredi à Bruxelles par les 28 pays de l'Union européenne (UE) et la Turquie, le nouveau plan d'action prévoit que tous les migrants entrés clandestinement en Grèce seront désormais renvoyés vers la Turquie, y compris les Syriens qui fuient la guerre civile qui ravage leur pays depuis cinq ans.

Le temps de peaufiner leur organisation, les premiers retours pourraient avoir lieu dès le 4 avril, selon la chancelière allemande Angela Merkel qui a inspiré l'accord.

Avant cette date, les garde-côtes turcs ont devancé l'appel en interceptant un total de 210 migrants, dont de nombreux enfants, qui avaient pris discrètement samedi matin la direction de Lesbos à bord de quatre canots pneumatiques.

Ces Syriens ont été détenus à bord d'un patrouilleur turc pendant trente-six heures avant d'être débarqués dimanche à la mi-journée dans une zone gardée du port de Dikili, a indiqué sous couvert de l'anonymat à l'AFP un garde-côte.

'Comme des animaux'

"Nous voulons partir! Nous ne voulons pas rester ici!", hurlent-ils en se pressant contre les grilles de fer de leur prison de fortune. "Sur le bateau, ils nous ont traités comme des animaux. Ils ne nous ont donné ni eau, ni nourriture", accuse un jeune homme de 19 ans.

A la mi-journée, un bus est venu récupérer une cinquantaine d'entre eux pour les emmener dans un camp provisoire où ils devaient être officiellement enregistrés et leurs empreintes digitales répertoriées, selon le garde-côte.

Ensuite, ils devaient être remis en liberté dans la grande ville d'Izmir, à une centaine de kilomètres plus au sud.

Selon le garde-côte, le nombre de migrants à destination de Lesbos capturés a sensiblement augmenté ces derniers jours. Les patrouilles des gendarmes à terre ont été renforcées, selon les médias turcs, qui ont fait état de 1.734 arrestations de migrants et de 16 passeurs présumés pour la seule journée de vendredi.
Peut-être. Côté grec en tout cas, le flot constaté est loin de s'être tari. Des centaines d'entre eux ont réussi à rallier l'île grecque dimanche.

Vendredi, environ 500 Syriens ont encore pu prendre la mer depuis la petite baie proche de Dikili, confient ses habitants.

Les traces de leur départ précipité sont toujours là. Le long de la côte, des gilets de sauvetage sont restés accrochés aux broussailles. Et des dizaines de pompes, utilisées pour gonfler les canots pneumatiques, jonchent la boue au milieu des couches, boîtes de médicaments et autres chaussures dépareillées...
Face à l'île de Chios plus au sud, le rivage turc autour de la ville de Cesme est resté tout aussi calme pendant le week-end.

En apparence seulement. Cachés au milieu d'une maison en ruines proche de la côte, une vingtaine d'Afghans attendaient samedi leur heure, et un moteur, pour tenter la traversée. Déterminés à rallier la Grèce, accord de Bruxelles ou pas.

20 mars 2016,Nina LAMPARSKI

Source : AFP

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