samedi 23 novembre 2024 08:23

Surenchère anti-musulmans chez les candidats républicains à la Maison Blanche

Les deux républicains en tête de la course à la Maison Blanche ont rivalisé de propositions ciblant les musulmans mardi après les attentats de Bruxelles, Ted Cruz suggérant que la police patrouille leurs quartiers, Donald Trump souhaitant leur fermer la frontière et rétablir la torture.

Cette surenchère intervient le jour de primaires dans l'Arizona, l'Utah, l'Idaho et les îles Samoa.

"Nous devons autoriser les forces de l'ordre à patrouiller et à sécuriser les quartiers musulmans avant qu'ils ne se radicalisent", a lancé dans un communiqué le sénateur ultra-conservateur texan Ted Cruz, après les attentats à l'aéroport et dans le métro de Bruxelles qui ont fait une trentaine de morts.

C'est la première fois qu'il cible directement les musulmans, et pas seulement les musulmans radicalisés. Il avait promis un "tapis de bombes" aux jihadistes après l'attentat de San Bernardino (Californie) en décembre, perpétré par un couple de musulmans radicalisés.

Ted Cruz s'était aussi montré "compréhensif" quand M. Trump --favori des primaires républicaines-- avait proposé d'interdire temporairement l'entrée des musulmans aux Etats-Unis de peur qu'un extrémiste ne se cache parmi eux.

Toujours convaincu que les Etats-Unis sont "en guerre" contre l'islam radical, M. Cruz a de nouveau suggéré de "mettre fin immédiatement au mauvais programme du président (américain) de faire venir des dizaines de milliers de musulmans syriens".

Pour lui, "l'attaque à Bruxelles est en grande partie le fruit d'une politique d'immigration de l'Europe qui a échoué et permis l'afflux massif de terroristes radicaux islamiques en Europe".

Une association de défense des droits des musulmans aux Etats-Unis, le Council on American-Islamic Relations (Cair), a jugé "choquant qu'un candidat à la présidence cible des Américains seulement à cause de leur religion".

"C'est anti-constitutionnel, non-américain, et c'est indigne d'un des principaux candidats à la présidentielle de répandre la peur, l'hystérie et la discrimination à l'encontre des Américains musulmans. Tous les Américains devraient condamner ses propos", s'est indigné le directeur général du CAIR Nihad Awad, dans le Houston Press.

Les musulmans 'ne s'intègrent pas'

En cas d'attaque similaire aux Etats-Unis, Donald Trump a indiqué sur Fox News qu'il "fermerait (les) frontières" américaines et qu'il n'"allait pas permettre (aux migrants) d'entrer" aux Etats-Unis.

Et si les candidats à l'immigration "sont musulmans, ils doivent être contrôlés très, très attentivement", a-t-il précisé.

Les musulmans "ont du mal à s'intégrer, où qu'ils aillent. Ils ne s'intègrent pas dans d'autres pays", a-t-il encore dit sur la chaîne NBC.

En cas d'attentat, "nous trouverions les responsables et ils souffriraient grandement", a prévenu le tonitruant milliardaire, proposant à nouveau de rétablir la torture et de "faire davantage que la simulation de noyade", bannie aux Etats-Unis depuis son utilisation par la CIA contre des suspects des attentats du 11-Septembre.

Pour l'analyste Nate Silver, "il faut s'attendre à davantage de déclarations comme celles-là de la part de Trump parce que les attaques de Paris et San Bernardino ont plutôt dopé ses scores dans les sondages nationaux, tout comme son temps d'antenne". Trump avait gagné 7 points de pourcentage après ces événements, selon M. Silver.

L'analyste Kyle Kondik, du blog Crystal Ball, estime que la proposition de Cruz "ne changera pas beaucoup" le cours de la campagne. A l'élection générale du 8 novembre, "les propositions de Trump et Cruz pourraient apparaître comme trop extrêmes".

Réagissant aux propos de ses adversaires, la candidate démocrate Hillary Clinton a jugé sur NBC "irréaliste de dire que nous allons fermer complètement nos frontières".

"Nous pouvons être forts et intelligents sans promouvoir la torture ou l'intolérance. Nous ne laisserons pas la peur dicter notre politique étrangère", a-t-elle tweeté.

"Chez nous, nous avons besoin de tendre la main et d'inclure les Américains musulmans et les communautés là où elles vivent comme première ligne de défense", a-t-elle plaidé sur CNN.

Elle a cependant pris un ton plus sécuritaire en demandant aux pays européens de "durcir leurs propres lois" pour lutter contre le terrorisme, et souhaité aussi davantage de coordination avec ces pays en matière de renseignement.

Aux Etats-Unis, elle a souhaité "durcir (la) surveillance" et sécuriser davantage même les cibles moins prioritaires "avec davantage de présence policière".

22 mars 2016, Anne RENAUT

Source : AFP

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