L'Autriche a annoncé mercredi de nouvelles mesures pour rendre plus sélectif son droit d'asile et traiter en procédure accélérée les demandes des migrants dès les frontières, sans les laisser entrer dans le pays.
A partir de mi-mai, le pays, qui a déjà durci ces derniers mois sa politique migratoire, n'accordera plus sa protection qu'aux réfugiés qui ont déjà de la famille en Autriche, et à ceux qui sont menacés dans les pays européens par lesquels ils ont transité avant d'arriver à la frontière autrichienne.
"Nous n'examinerons les demandes d'asile que dans le cas où nous y sommes obligés par certaines conditions (...) comme celles de la Convention (européenne) des droits de l'Homme", a déclaré la ministre de l'Intérieur Johanna Mickl-Leitner lors d'une conférence de presse à Vienne.
Elle a assuré que ces nouvelles mesures étaient en accord avec le droit européen qui permet à un Etat membre de prendre des décisions propres en cas de situation extraordinaire.
L'Autriche -qui a accueilli en 2015 l'un des plus importants nombres de demandeurs d'asile de l'UE au regard de sa population- n'est plus "obligée" d'accepter toutes les demandes d'asile car la crise migratoire en cours pose "une menace l'ordre publique et à la sécurité nationale", a expliqué la ministre.
Les nouvelles procédures prévoient aussi que les candidats à l'asile déposent leur demande directement à la frontière dans des centres qui seront mis en place et où ils pourront être détenus jusqu'à "120 heures", le temps que leur requête soit traitée en procédure accélérée.
Les demandeurs d'asile qui se feront directement enregistrer auprès des services d'asile à l'intérieur du pays seront ramenés aux frontières, a averti Mme Mikl-Leitner qui prévoit aussi, au terme de cette procédure express, de refouler les déboutés dans les pays voisins par où ils sont arrivés.
Elle n'a cependant pas précisé ce qu'il en serait des cas où le parcours du migrants n'est pas connu, ni de la coordination des pays voisins.
Ce nouveau dispositif sera en place aux frontières du pays avec l'Italie, la Slovénie, la Hongrie.
Quelque 14.000 demandes d'asile ont été déposées en Autriche depuis le début de l'année, soit près de la moitié du quota de 37.500 demandes que Vienne a instauré pour 2016 -moins de la moitié des 90.000 demandes enregistrées en 2015.
La fermeture aux migrants de la route des Balkans de l'est fin février, que le gouvernement de Vienne a encouragé, a quasiment interrompu le flux des arrivées aux frontières de l'Autriche dont les services de l'asile enregistrent néanmoins encore une centaine de demandes par jour.
30 mars 2016
Source : AFP