La maire de Barcelone, Ada Colau, a demandé mardi à Bruxelles de "laisser" enfin les villes accueillir des réfugiés, en s'indignant que les migrants attendus n'arrivent pas.
L'édile de la seconde ville d'Espagne s'exprimait, à la radio Cadena Ser, avant une réunion mardi à Bruxelles avec des membres de la Commission européenne. Des représentants de plusieurs villes - dont Barcelone, Paris, Berlin, Athènes, Amsterdam - doivent participer à ce groupe de travail sur l'accueil et l'intégration des réfugiés.
La polémique enfle en Espagne où seule une vingtaine de réfugiés - en majorité erythréens - serait arrivée selon la presse, sur les milliers que le pays s'était engagé en septembre à accueillir.
"La population a envie de faire partie de la solution en participant au réseau des villes refuge", a insisté Mme Colau. "Qu'on nous laisse aider, notre Etat ne nous laisse pas aider", a protesté la maire de gauche issue du mouvement des "indignés", en poste depuis juin.
Barcelone avait présenté dès le mois d'août 2015 un plan pour accueillir des réfugiés en provenance de Syrie, d'Irak, d'Afghanistan ou d'Erythrée. Elle fait valoir que tout est prêt pour les recevoir.
La maire de Barcelone a prévenu qu'elle allait à Bruxelles "critiquer la réponse donnée par l'Europe" à la crise des migrants.
L'Union européenne "est en train de faire naufrage", a-t-elle dit, en rejetant l'accord conclu entre l'UE et la Turquie le 18 mars pour refouler les migrants arrivés en Grèce qui "ne respecte pas les exigences minimales en matière de droits de l'Homme et de droit d'asile".
Fin mars, l'organisation non gouvernementale Oxfam Intermón avait reproché à l'Espagne de ne pas tenir sa promesse d'accueillir 984 réfugiés syriens ayant fui dans les pays voisins en constatant qu'"aucun" n'était encore arrivé.
Dimanche, le chef du gouvernement espagnol, le conservateur Mariano Rajoy, a admis dans un entretien télévisé que "peu" de réfugiés étaient arrivés en Espagne "mais peu également dans le reste des pays de l'UE.
"C'est désespérant mais c'est parce que les décisions que prend l'UE malheureusement ne s'appliquent pas aussi vite que j'aimerais", a-t-il notamment plaidé.
Le ministère de l'Intérieur n'a pas publié les données liées aux demandes d'asile en Espagne en 2015.
5 avr 2016
Source : AFP