L'Union européenne envisage une réforme en profondeur de son système d'immigration, puisque le régime actuel exerce une pression inacceptable sur des pays comme la Grèce et l'Italie après l'arrivée de plus d'un million de migrants au cours de la dernière année.
La Commission européenne a annoncé mercredi qu'elle veut abolir l'obligation pour les migrants de présenter une demande d'asile dans le premier pays où ils posent les pieds. Cette politique, qui se trouve au coeur du système européen, a échoué lamentablement depuis un an, a dit le vice-président de l'Union européenne, Frans Timmermans.
Il a ensuite ajouté que le système actuel est insoutenable.
La Commission propose plutôt que les migrants soient répartis à travers l'UE, ce qui signifie que chaque pays membre serait contraint d'accueillir un nombre de demandeurs d'asile déterminé par le bloc.
Cela étant dit, un système de répartition des demandeurs d'asile qui se trouvent déjà en Europe a généré des frictions importantes entre plusieurs pays européens, et la proposition formulée mercredi par la Commission risque de ne rien y changer dans l'immédiat.
La Commission prévient dans un document transmis aux institutions européennes que le système actuel est criblé de «problèmes structuraux et de défaillances (qui) placent une responsabilité disproportionnée» sur certains pays — tandis que d'autres, surtout les membres d'Europe de l'Est, tentent d'éviter de devoir accueillir un trop grand nombre de réfugiés.
L'incapacité de l'Union européenne à gérer la pire crise de migration à toucher le continent depuis la Deuxième Guerre mondiale renvoie de l'UE l'image d'une institution démodée et inefficace. Même le président français François Hollande, qui compte parmi les plus farouches défenseurs de l'UE, a dû admettre mercredi que le plus gros problème du bloc est la lenteur de son processus décisionnel — qu'il s'agisse d'une crise financière, de la guerre au terrorisme ou d'une réponse commune à cette vague de migrants.
M. Hollande a déclaré au quotidien allemand Bild que «éventuellement, (l'Europe) finit toujours par trouver une solution (...) mais nous payons le fort prix pour le temps perdu».
Plus de 53 000 personnes sont coincées en Grèce depuis que les frontières ont été fermées le long du corridor des Balkans que des milliers de personnes ont emprunté pour rejoindre l'Europe occidentale.
Une entente intervenue entre l'UE et la Turquie prévoit que les migrants qui arrivent après le 20 mars peuvent être arrêtés et déportés, s'ils ne demandent pas l'asile ou si leur demande est jugée inadmissible. Leur dossier doit toutefois être traité par les responsables des demandes d'asile avant leur renvoi. Les premiers migrants déportés sont ceux qui n'ont pas soumis de demande d'asile ou dont la demande a été jugée inadmissible.
Quelque 200 personnes ont été déportées lundi. En échange, des dizaines de Syriens déjà en Turquie ont été envoyés en Allemagne, en Finlande et aux Pays-Bas lundi et mardi.
06/04/2016, La Presse Canadienne
Source : quebec.huffingtonpost.ca