samedi 23 novembre 2024 09:54

Accord UE-Turquie : nouveau renvoi en Turquie de migrants depuis la Grèce

La Grèce a procédé à un nouveau renvoi de 124 migrants en Turquie, en grande majorité des Pakistanais, en application de l'accord entre l'UE et la Turquie, alors que la fermeture des frontières commence à produire ses effets en Allemagne.

L'opération de renvoi de vendredi est la deuxième depuis lundi, quand, sous vaste couverture médiatique, 202 personnes avaient déjà été renvoyées depuis les îles de Lesbos et Chios.

Comme lundi, le nouveau renvoi comprend une majorité de Pakistanais (111), et deux Bangladais, quatre Irakiens, quatre Indiens, un Marocain, un Egyptien et un homme se présentant comme Palestinien, mais aucun Syrien, contrairement à lundi où il y en avait deux, selon un communiqué du gouvernement.

Un premier groupe de 45 Pakistanais est parti de l'île de Lesbos vers le port turc de Dikili avant le départ d'un deuxième trois heures plus tard, composé de personnes acheminées à Lesbos depuis les îles proches de Kos et Samos.

Un responsable local de Dikili a déclaré à l'AFP sous couvert d'anonymat qu'ils seraient transférés après leur enregistrement "probablement à Kirklareli", dans le nord-ouest de la Turquie, où se trouve un camp.
Un Pakistanais n'a pas été accepté par les autorités turques pour des raisons non précisées, et a été renvoyé à Lesbos.

Signé à Bruxelles le 18 mars mais critiqué par l'ONU et des ONG, l'accord UE-Ankara prévoit le retour en Turquie de tout migrant arrivé en Grèce à partir du 20 mars et n'ayant pas fait de demande d'asile ou dont la demande a été rejetée.

En contrepartie, l'UE s'engage, pour chaque Syrien renvoyé, à en "réinstaller" un autre depuis la Turquie dans un pays membre, dans la limite de 72.000 places.

Outre une manifestation de quelques dizaines de personnes scandant notamment "Honte à vous, l'UE" sur le port de Mytilène vendredi, trois militants des droits de l'Homme ont été arrêtés puis relâchés après avoir tenté d'empêcher le départ en s'accrochant à l'ancre du premier bateau.

L'accord UE-Turquie, qui fait suite à la fermeture totale de la route des Balkans début mars, vise à endiguer le flux migratoire vers l'Europe.

L'année dernière, plus d'un million de personnes, en majorité des Syriens, sont entrées en Europe via surtout les îles grecques.

Berlin a indiqué vendredi avoir constaté une baisse de deux tiers des demandes d'asile en Allemagne en mars par rapport à février. Les demandes sont passées de 120.000 en décembre à 60.000 en février et 20.000 en mars, a annoncé le ministre de l'Intérieur Thomas de Maizière.

"On ne peut absolument pas contester que le reflux des arrivées est dû à la fermeture de la route des Balkans", début mars, a concédé le ministre, insistant aussi sur les vertus de l'accord UE-Turquie: "il y a maintenant une solution européenne".

Il a toutefois admis qu'"il ignorait si des routes alternatives, notamment entre l'Italie vers la Libye, vont s'ouvrir ni comment l'Italie va réagir".

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a jeté un froid en prévenant jeudi que la Turquie ne remplirait pas sa part de l'accord si l'UE ne respectait pas elle-même ses promesses, comme l'exemption des visas dès juin pour les citoyens turcs voulant se rendre en Europe.

Le Parlement turc a approuvé dans la nuit de jeudi à vendredi un accord signé en 2010 permettant de rapatrier les migrants pakistanais.

La Grèce pour sa part, toujours pas sortie de six ans de crise, gère actuellement à la fois quelque 46.000 migrants qui stagnent sur son territoire depuis la fermeture des frontières, et 6.500 autres arrivés depuis le 20 mars.

Le gouvernement met les bouchées doubles pour établir avec des experts européens un dispositif d'urgence d'enregistrement des milliers de demande d'asile déposées par ces derniers.

Une délégation de ministres des Affaires étrangères et européennes de six membres de l'UE est arrivée vendredi à Athènes pour faire le point sur la mise en oeuvre des plans européens de réponse à l'afflux en Europe de populations fuyant guerres et misère.

Le ministre français aux Affaires européennes, Harlem Désir, a estimé que "si tous les États membres respectent leurs engagements" de fournir aide humanitaire et renforts en personnel à la Grèce, "nous serons en capacité d'accélérer les relocalisations et les réadmissions, sinon, nous aurons des difficultés".
Il a été reçu, avec ses homologues néerlandais, italien, maltais, portugais et slovaque, par le Premier ministre grec, Alexis Tsipras. Ils devaient ensuite se rendre à Istanbul samedi, pour s'entretenir avec le ministre des Affaires étrangères turc, Mevlut Cavusoglu.

09 avr. 2016

Source : AFP

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