mercredi 3 juillet 2024 16:22

picto infoCette revue de presse ne prétend pas à l'exhaustivité et ne reflète que des commentaires ou analyses parus dans la presse marocaine, internationale et autres publications, qui n'engagent en rien le CCME.

L'Europe épinglée pour mauvais soins envers ses réfugiés

« Cessons de nier le droit des migrants à l'accès aux soins », titre ainsi le Dr Jonathan Clarke, sa tribune dans le « BMJ ».

« Beaucoup de gens pensent que tous les migrants ont largement accès aux soins en Europe, mais ce n'est pas la réalité », déplore ce médecin de l'école de santé publique Harvard T.H. Chan de Boston au terme d'une enquête qui l'a conduit à la rencontre de 15 648 réfugiés à travers 6 antennes européennes de Médecins du monde. Deux tiers d'entre eux, selon lui, n'ont pas eu accès aux soins. Alors que 85 % de ces patients ont été victimes de violence, avant ou après leur immigration, et un tiers ont subi des tortures. « Les migrants ont des besoins sanitaires importants qui doivent être reconnus et respectés par les nations européennes », s'élève-t-il. Un cri d'alarme qui fait largement écho au constat partagé par les professionnels de santé réunis du 9 au 12 avril à Amsterdam, à l'occasion du congrès annuel de la Société européenne de microbiologie clinique et d'infectiologie (European Society of Clinical Microbiology and Infectious Disease (ESCMID).

Cibles de maladies évitables

Selon les agences de réfugiés, plus d'un million de migrants sont arrivés en Europe l'année dernière, la pire crise migratoire sur le continent depuis la Seconde Guerre mondiale. Cette année, ils étaient déjà près de 180 000 à rejoindre le Vieux Continent. Affaiblis par la fatigue, le manque de nourriture, d'eau propre et de médicaments, ils deviennent les cibles faciles de maladies évitables, mais aux conséquences dramatiques faute de soins.

Tuberculose, salmonellose, gale, rougeole, choléra, fièvre typhoïde, maladies parasitaires… Les experts s'inquiètent de l'émergence ou la réémergence de certaines maladies infectieuses, dont certaines avaient pratiquement disparu en Europe. Plusieurs d'entre elles sont réapparues, provoquant des dégâts considérables dans les camps, d'où elles pourraient toucher les populations d'accueil : la rougeole en France et en Turquie, la gale aux Pays-Bas. Dans le camp de Thuringia, en Allemagne, 1

L'infection à VIH inquiète

Le virus du VIH est une autre inquiétude. Selon des chercheurs danois, les migrants ont en effet un taux d'infection plus élevé et leur diagnostic est plus tardif, avec « un risque de transmission, explique Laura Deen, de l'université de Copenhague, par des personnes qui ne se savent pas infectées ».

Les spécialistes observent aussi une augmentation des pathogènes résistants. Une étude menée en suisse montre ainsi que la résistance aux antibiotiques contre Staphylococcus aureus est 10 fois plus élevée chez les réfugiés que dans la population locale. Les cas de S. aureus résistants à la méticilline (SARM) sont du reste en nette progression en Norvège, un phénomène vraisemblablement lié au tourisme et l'immigration, estiment les experts.

Un risque négligeable de transmission à la population locale

Les participants au congrès d'Amsterdam ont néanmoins répété que le risque réel d'une transmission à la population locale est négligeable. « Le fait qu'ils soient marginalisés et ne s'intègrent pas à la communauté européenne est à l'origine des maladies et protège les communautés européennes, assure l'expert italien de santé publique, Alberto Matteelli. La meilleure manière d'agir est d'assurer un dépistage rapide, traiter les maladies infectieuses parmi les réfugiés et donner un accès au système de soins de santé du pays d'accueil. »

L'un des problèmes reste l'absence de politique européenne commune pour dépister les nouveaux arrivants, les traiter et les vacciner regrettent les experts. Face à des systèmes européens de plus en plus surchargés, ils en appellent à une augmentation des fonds et à une approche commune pour le dépistage et le traitement.

13/4/2016, Betty Mamane

Source : Le quotidien du médecin

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