La coalition conservateurs/sociaux-démocrates en Allemagne s'est mise d'accord dans la nuit de mercredi à jeudi sur des mesures encadrant l'intégration des réfugiés, avec notamment un refus de droit de séjour durable pour ceux ne faisant pas assez d'efforts.
Ce projet, qui doit encore être validé formellement au sein du gouvernement puis voté par les parlementaires, constitue une première en Allemagne, qui a longtemps refusé de se décrire comme un pays d'immigration : "50 ans après le début de l'immigration, l'Allemagne a désormais une loi sur l'intégration" des étrangers, a salué le patron des députés sociaux-démocrate, Thomas Oppermann, sur Twitter.
Entre autres mesures, l'accord prévoit que les autorités se chargeront d'attribuer un lieu de résidence au demandeurs d'asile reconnus en tant que tel, afin de mieux les répartir sur le territoire allemand et éviter ainsi les ghettos.
"Une violation de cette attribution exposera les personnes concernées à des conséquences sensibles", indique le document, consulté par l'AFP, récapitulant les mesures de l'accord conclu au bout de sept heures de tractations entre les sociaux-démocrates du SPD et les conservateurs CDU/CSU de la chancelière Angela Merkel.
Le document prévoie également de ne pas attribuer de droit de séjour durable aux réfugiés qui ne déploieraient pas suffisamment d'efforts pour s'intégrer, notamment par la maîtrise de la langue allemande, une mesure longtemps rejetée, puis finalement acceptée, par les sociaux-démocrates.
"L'acquisition de la langue est aussi nécessaire pour un séjour provisoire" en Allemagne, stipule le document.
L'accord comporte également un volet dédié à l'emploi des réfugiés afin de faciliter leur embauche. Jusqu'ici, les demandeurs d'asile ou personnes de statut équivalent ne pouvaient occuper un emploi que dans la mesure où les Allemands ou citoyens de l'UE ne pouvaient le faire: cette restriction sera levée durant trois ans.
Les réfugiés en formation se verront attribuer un droit de séjour pour la durée de leur apprentissage, prolongée en cas de formation réussie, afin notamment qu'ils puissent trouver un emploi.
100.000 offres d'emplois seront créés pour les demandeurs d'asile bénéficiant de prestations, auxquelles les migrants issus de pays considérés comme sûrs, comme par exemple les pays des Balkans ou du Maghreb, ne pourront pas prétendre.
L'Allemagne a accueilli à elle seule en 2015 plus d'un million de demandeurs d'asile, ce qui vaut à Angela Merkel des critiques croissantes, notamment au sein de son propre camp conservateur.
En mars, à la suite de la fermeture de la route des Balkans, l'Allemagne a toutefois enregistré en mars une baisse très substantielle de deux tiers des nouveaux demandeurs d'asile, avec seulement 20.000 nouveaux réfugiés.
14 avr. 2016
Source : AFP