La Banque mondiale vient de livrer un rapport sur les migrations et transferts de fonds à travers le monde. L’étude régionale montre que le Maroc reste l’un des principaux pays bénéficiaires des transferts de devises de la diaspora en zone MENA.
Parmi les diasporas du Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), les Marocains restent de ceux qui transfèrent le plus de devises dans leur pays d’origine. C’est ce qui ressort du nouveau rapport de la Banque mondiale publié ce jeudi et intitulé : « Migration et transferts de fonds : Développements récents et perspectives ».
En effet, ce sont au total 6,4 milliards de dollars US envoyés par les MRE en 2015. Ce qui fait du Maroc le troisième bénéficiaire de ces transferts dans la région après l’Egypte (19,7 milliards de dollars) et le Liban (7,2 milliards de dollars).
La Jordanie (3,8 milliards de dollars) occupe le 4ème rang. Viennent ensuite le Yémen (3,4 milliards), la Tunisie (2,3 milliards), les Territoires palestiniens (2,2 milliards), l’Algérie (2 milliards), la Syrie (1,6 milliard) et l’Iran (1,3 milliard). Le Qatar n’a commencé à recevoir les transferts qu’en 2011, et excepté l’année 2012, les envois de devises n’y dépassent pas les 580 millions de dollars par an. En Arabie Saoudite aussi les flux entrants sont encore faibles. Ils ont atteint leur plus haut niveau en 2015, soit 286 millions de dollars.
Globalement, les envois de fonds des migrants à travers le monde sont en légère baisse à 581,6 milliards de dollars en 2015, contre 592 milliards l’année précédente. Ceux destinés à la zone MENA l'année dernière sont estimés à 50,3 milliards de dollars, mais selon la Banque mondiale, la région reste encore « trop dépendante » des transferts de ses migrants, représentant de grosses parts des PIB en 2014, comme c’est le cas notamment pour les Territoires palestiniens (17,1%), au Liban (16,2%) ou en Jordanie (10,4%). Au Maroc, les transferts des devises des MRE représentaient 6,3% du PIB.
12 fois plus élevés en 40 ans
Le rapport livre par ailleurs un historique des flux entrants de devises dans les pays du monde entier depuis 1970. Le cas du Maroc dont les données sont disponibles à partir de 1975 montre que les transferts de devises vers le Maroc étaient 12 fois plus élevés en 2015 que 40 ans plus tôt. Cela s’explique notamment par l’accroissement de la population migratoire marocaine au fil des années.
Toutefois, les auteurs de l’étude font remarquer au passage que l’appréciation de l’évolution des transferts exprimés en devises peut être différente si on raisonne en termes de monnaie locale. En 2015 à titre d’exemple, expliquent-ils, la dépréciation de l’euro a réduit de manière significative la croissance en dollars des transferts vers les pays de Maghreb. Au Maroc, la valeur du dollar des transferts de fonds a diminué de 11% au cours des trois premiers de l’année 2015 par rapport la même période l’année précédente, tandis que les transferts ont augmenté de 4,5% en dirham marocain.
En dépit de cela, « nous nous attendons à une augmentation modeste des envois de fonds vers la région MENA en 2016 et 2017, significativement plus lente que les envois de fonds vers toutes les autres régions du monde », projettent les auteurs du rapport.
14 avril 16, Ristel Tchounand
Source : Yabiladi