C'est le manque de cohésion entre communautés qui a alimenté "les forces politiques clivantes" ayant conduit au Brexit et à l'élection de Donald Trump, a déploré lundi le maire de Londres Sadiq Khan dans un entretien avec l'AFP.
S'exprimant en marge d'un forum rassemblant les maires de grandes villes européennes à la mairie de Londres, il les a appelés à agir pour éviter que le choc ne se répète.
"Il y a des partis populistes qui à travers le monde profitent des inquiétudes et anxiétés légitimes des gens... Nous (Britanniques) avons décidé de quitter l'Union européenne et nous venons d'assister à une élection présidentielle américaine qui a créé de grandes divisions", a-t-il déclaré à l'AFP.
"Nous avons connu des progrès sociaux et scientifiques, les pays du Nord s'en tirent très bien, mais au sein de ces pays il y a des gens qui se sentent les laissés pour compte de cette prospérité".
"Nous devons nous assurer que nous intégrons les gens mieux que nous ne le faisons actuellement", a ajouté M. Khan, qui est devenu en mai le premier maire musulman élu à la tête d'une capitale occidentale.
Donald Trump comme les partisans du Brexit ont focalisé leur campagne sur les inquiétudes concernant l'immigration.
Le premier a promis de construire un mur à la frontière avec le Mexique et d'imposer un moratoire sur l'immigration musulmane aux Etats-Unis tandis que Nigel Farage, l'un des porte-voix du camp du Brexit en tant que leader du parti europhobe Ukip, a provoqué un scandale en utilisant une affiche figurant des réfugiés sous la mention "point de rupture".
Lorsque Donald Trump avait affirmé en fin d'année dernière qu'il existait des zones de non-droit à Londres, Sadiq Khan avait rejeté ces accusations. Lundi, il a estimé que les responsables politiques se doivent de "construire des passerelles plutôt que des murs".
"En tant que dirigeants de villes, en tant que dirigeants tout court, nous devrions rassembler les gens", a-t-il dit, se disant prêt à rencontrer le président américain élu.
Mais il faut savoir écouter aussi, a-t-il dit devant des responsables municipaux britanniques et européens venus assister à une conférence destinée à promouvoir l'intégration entre communautés et à affronter les questions d'immigration. "Il ne suffit pas d'écarter ces sentiments comme discriminants ou rétrogrades, nous devons comprendre pourquoi les gens les ressentent".
"Nous devons avoir un vrai leadership dans les villes à travers le monde pour éviter que les communautés ne se divisent de plus en plus, a-t-il ajouté. Aujourd'hui plus que jamais, nous devons construire un sentiment fort de solidarité dans nos villes, un sens renouvelé que nous sommes unis comme voisins et citoyens".
14 nov 2016
Source : AFP