La nomination de Stephen Bannon comme stratège en chef, gage donné par Donald Trump à l'extrême droite qui l'a aidé dans sa quête de la Maison blanche, a été vivement critiquée par le camp démocrate et plusieurs voix républicaines lundi à Washington.
Dans un communiqué, le président élu a annoncé dimanche que Bannon et Rence Priebus, un cacique du Parti républicain nommé au poste de secrétaire général de la Maison blanche, seraient "associés sur un pied d'égalité pour transformer le gouvernement fédéral".
Les démocrates voient en Bannon un promoteur du racisme et de la misogynie, avec le soutien du Ku Klux Klan.
"Il est facile de comprendre pourquoi le KKK considère Trump comme son champion quand Trump nomme l'un des plus fervents colporteurs des théories et de la rhétorique suprémacistes blanches comme principal conseiller", a déclaré Adam Jentleson, porte-parole du chef de la minorité démocrate au Sénat Harry Reid, dans un communiqué.
Le représentant démocrate Adam Schiff a jugé que l'accession de Stephen Bannon au poste de conseiller n'était pas surprenante mais qu'elle constituait un signal alarmant.
"Ses points de vue droitiers, antisémites et misogynes n'appartiennent pas à la Maison blanche", a-t-il estimé dans un tweet.
"C'est un jour triste lorsqu'un homme qui a dirigé le premier site web de l''alt-right', un regroupement de nationalistes blancs et d'antisémites et racistes décomplexés est choisi pour occuper un poste de haute responsabilité dans la 'maison du peuple'," a déclaré Jonathan Greenblatt, directeur de l'Anti-Defamation League. "QUE L'AMÉRIQUE SOIT VIGILANTE"
Côté républicain, John Weaver, conseiller du gouverneur de l'Ohio John Kasich, a écrit sur Twitter que l'extrême droite raciste, fasciste, est représentée au seuil du Bureau ovale". "Que l'Amérique soit très vigilante", a-t-il ajouté.
Dans une interview matinale lundi, Rence Priebus a pris la défense de Stephen Bannon, assurant qu'il ne voyait pas en lui un extrémiste.
"Il était une force de bien pendant la campagne", a dit Priebus sur Fox News, ajoutant qu'il avait été en accord avec lui sur "presque tout".
Ancien banquier chez Goldman Sachs, Stephen Bannon a rejoint l'équipe de campagne de Trump à la mi-août, à une époque où le candidat républicain était en grande difficulté dans les sondages.
Il a repris les rênes du site d'information Breitbart News à la mort de son fondateur, Andrew Breitbart, en 2012, et en a fait un site proche de l'extrême droite, accusant Obama d'avoir "importé des musulmans haineux" et comparant les services du Planning familial à l'Holocauste.
En juillet, lors de la convention républicaine de Cleveland, Bannon a déclaré au magazine Mother Jones que son site était la plate-forme de l'"alt-right", droite "alternative" proche des courants nationalistes et suprémacistes blancs.
Steve Bannon a participé à la production du film "Clinton Clash", qui accuse le couple Clinton d'avoir concédé des faveurs aux plus gros donateurs de leur fondation de bienfaisance, un thème que Trump a fortement exploité durant la campagne.
Le président républicain de la Chambre des représentants Paul Ryan, qui est attaqué sans relâche par le site Breitbart News pour ses positions modérées, s'est félicité de la nomination de Rence Priebus, en laquelle il a vu un "très très bon signe pour l'avenir".
14 nov 2016, Susan Cornwell et Alana Wise
Source : Reuters