samedi 23 novembre 2024 20:30

Réserves de changes. Comment le matelas s’est reconstitué

En 2008, année marquée par la crise internationale, les réserves de changes étaient à 6,1 mois d’importations. Elles ont remonté en 2009 avant de s’inscrire sur une tendance baissière. En 2012, elles ont atteint 4,1 mois

d’importation alors que le seuil critique est fixé entre 3 et 4 mois. A partir de 2014, les réserves de changes se sont renforcées:  5 mois et 9 jours avant de passer à 6 mois et 24 jours en 2015

L'Indicateur est suivi de près puisqu’il constitue une auto-assurance. Le stock de réserves internationales équivaudrait à 7 mois et 6 jours d’importations cette année, selon les prévisions de Bank-Al-Maghrib. La banque centrale prévoit la poursuite de la consolidation du matelas de devises en 2017 pour atteindre 7 mois et 20 jours (voir aussi encadré).

Le renforcement des réserves est le résultat aussi bien de l’amélioration de l’excédent du compte financier que de l’atténuation du déficit du compte courant. Ce dernier est revenu à des niveaux soutenables, 1,9% du PIB en 2015 alors qu’il culminait à 9,5% en 2012. Plusieurs éléments y ont contribué. D’abord, la baisse de la facture énergétique, qui après avoir marqué un accroissement moyen annuel de 10,3% entre 2008 et 2014, s’est considérablement allégée avec une diminution de 28,6% en 2015. La facture pétrolière a été presque divisée par deux. Cette facture a représenté en moyenne 23% du total des importations durant les dix dernières années.

Le stock de réserves de changes est étroitement lié  aux recettes de voyages, aux transferts des MRE ainsi qu’aux investissements directs étrangers. Ces trois rubriques constituent les principaux moteurs. «Les recettes voyages et les transferts des MRE, ont montré une résilience à la conjoncture internationale et ont permis de drainer près de 120 milliards de dirhams en moyenne annuelle ces trois dernières années», souligne la Banque centrale.

Les recettes touristiques (brutes) ont ainsi enregistré une baisse limitée et se sont établies à 58,6 milliards de dirhams en 2015. Les transferts des MRE ont été en hausse atteignant 61,7 milliards de dirhams.
Les dons reçus des pays du Golfe, ont également participé à l’amélioration du compte courant et donc au renforcement des réserves en devises: 25,2 milliards depuis 2014. Au niveau du compte financier, son solde hors réserves, a représenté 7,6% du PIB en moyenne sur les trois dernières années. Cela tient en partie à l’amélioration du flux des investissements directs étrangers qui ont atteint 39,1 milliards de dirhams en 2013, 36,6 milliards en 2014 et un niveau record de près de 40 milliards en 2015.

Si l’on exclut les exportations (en particulier les ventes du secteur automobile +24,6% en moyenne depuis 2013), la structure des principales sources de ces devises pour le Maroc, durant les dix dernières années est constituée à hauteur de 40% par les  transferts des Marocains résidant (MRE) à l’étranger, les recettes du tourisme (30%), l’endettement (18%) et les investissements directs étrangers (11%). «L’important recours à l’endettement extérieur ainsi que la dynamique des IDE, durant les dernières années, ont pu combler la décélération de la croissance des deux premières sources de devises», souligne  Ayache Khellaf, directeur de la prévision et de la prospective au haut commissariat au plan.

Rappelons qu’en 2012, les réserves de changes ont baissé à 4,6 mois d’importations. Ce qui a nécessité un recours, en août de la même année, à une Ligne de précaution et de liquidité du FMI en vue de se prémunir, le cas échéant, contre les risques extérieurs. Trois mois plus tard, le Trésor a levé des fonds sur le marché international permettant ainsi d’augmenter légèrement les réserves. Les emprunts contractés par le Trésor tout autant que les sorties à l’international de certains établissements publics comme l’OCP ont permis également de reconstituer les stocks de devises.

L’accumulation se poursuivra

L’accumulation des réserves de changes pourra-t-elle se poursuivre dans un contexte marqué par le redressement des prix des matières premières, de baisse des investissements directs étrangers et d’accroissement des importations? Pour Bank Al-Maghrib, il n’y a pas de doute, la dynamique actuelle devrait se poursuivre mais à un rythme moins rapide. Les entrées d’IDE, quoiqu’en baisse durant les 9 premiers mois de l’année, continuent d’évoluer à un niveau élevé et de contribuer au financement du déficit courant. Elles se sont établies à 23,2 milliards de dirhams à fin septembre. Pour ce qui est des importations, elles se sont inscrites depuis le mois de février dans une tendance ascendante, reflétant notamment l’accroissement des achats de biens d’équipement, dont la hausse a atteint 22,1% en septembre 2016. Ce qui pourrait constituer un signal de reprise de l’investissement. En revanche, malgré une légère reprise des cours de pétrole à partir de février 2016, la facture énergétique continue de s’inscrire en baisse. «En dépit de leur accroissement, les cours de pétrole restent encore à des niveaux modérés et ne devraient reprendre que progressivement selon les projections des institutions internationales», note la Banque centrale.

14/11/2016,  Khadija MASMOUDI

Source : L’Economiste

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