Les travaux de la 2è Conférence africaine sur les transferts d'argent et les réseaux postaux se sont ouverts mardi à Abidjan, avec la participation de quelque 120 délégués représentant plusieurs pays africains, dont le Maroc.
Etalés sur deux jours, cet événement réunit des représentants d’opérateurs postaux, de banques postales, d’autorités de réglementation, de gouvernements, de banques, d’opérateurs de transfert d’argent, d’entreprises du secteur des FinTech, d’organisations internationales et de la société civile.
Ce conclave s’insère dans le cadre de l'Initiative relative aux services financiers postaux en Afrique, un programme régional lancé par le Mécanisme de financement pour l’envoi de fonds (MFEF) du Fonds International du Développement Agricole (FIDA), en collaboration avec la Banque mondiale, l’Union postale universelle (UPU), l’Institut mondial des caisses d’épargne (IMCE), le Groupement européen des caisses d’épargne (GECE) et le Fonds d’équipement des Nations Unies (FENU), et cofinancé par l’UE.
Selon le FIDA, les bureaux de poste en Afrique distribuent plus d’argent que de courrier. "Ils jouent un rôle de plus en plus essentiel en offrant aux populations rurales pauvres un accès abordable aux services financiers, y compris les transferts d’argent qui ont représenté plus de 65 milliards de dollars en 2015", a-t-il précisé.
Intervenant à l’ouverture de cette conférence, le coordonnateur du mécanisme de financement pour l’envoi de fonds du FIDA, Pedro De Vasconcelos, a fait savoir que '’plus de 15 pc des adultes africains utilisent quelque 26.000 bureaux de poste pour accéder aux services financiers de base, notamment pour recevoir des transferts d’argent, notant que la plupart vivent dans des communautés rurales situées à bonne distance des banques".
Et de poursuivre qu’en Afrique, les bureaux de poste sont désormais partie intégrante du tissu social du pays et offrent un accès immédiat à des services financiers. Bien que le coût moyen d’un transfert d’argent soit de 7,6 pc dans le monde, l’Afrique subsaharienne demeure la région la plus chère avec un coût moyen de 9,5 pc en 2016, a-t-il expliqué De son côté, le directeur de cabinet du ministre ivoirien, de la poste et de l’économie numérique, a mis en avant la pertinence du thème choisi notamment, dans un environnement en grande transformation et véritablement concurrentiel, laissant savoir que la poste demeure un acteur majeur de l’inclusion financière, eu égard notamment à la multiplication des acteurs mobiles de transferts d’argent.
Face un environnement concurrentiel marqué par la présence du réseau postal, des banques, et des opérateurs de transfert d’argent, il est important pour les pays africains de concevoir une stratégie adéquate, à même de permettre aux postes africaines de pérenniser leurs activités de transferts d’argent, a-t-il estimé.
Le secrétaire général de l’Union Panafricaine Postale (UPAP), Djibrine Younouss, a mis en avant l’importance du réseau postal en termes de densité et de capacité à asseoir les bases d’une véritable inclusion financière en Afrique, avant de déplorer les difficultés qui freinent le développement de ce réseau, notamment les coupures récurrentes d’électricité, la difficulté de se connecter à Internet, notamment dans les zones rurales, ou encore le cadre réglementaire souvent inadapté voire-même inexistant dans certains pays.
A ce propos, il a préconisé l’adoption d’une réglementation appropriée, inclusive et spécifique mettant en synergie l’ensemble des parties prenantes, la promotion d’une étroite collaboration entre les régulateurs postaux et les autorités monétaires centrales pour une offre durable de transfert d’argent, tout en réitérant l’engagement de l’UPAP à raffermir la coopération avec plusieurs organismes internationaux qui partagent des objectifs identiques, et à promouvoir le dialogue entre les acteurs, les régulateurs et les décideurs politiques.
L’ambassadeur de l’UE en Côte d’Ivoire, Jean François Valette, a insisté, quant à lui, sur la nécessité d’une forte mobilisation en Afrique pour une meilleure gestion des coûts de transfert d’argent jugés élevés, à travers la mise en place d’un cadre légal contraignant, à même d’assurer la transparence, la rapidité et la sécurité des opérations.
La séance d’ouverture de cette conférence a été ponctuée par la présentation d’un nouveau rapport du FIDA intitulé : ‘’Transferts d’argent et bureaux de poste en Afrique : Répondre aux besoins des migrants en milieu rural’’.
Ce document s’intéresse principalement aux opérateurs postaux nationaux d’Afrique, qui servent de canaux de distribution permettant aux populations d’accéder à des services de transfert d’argent et à des services financiers.
Il examine également le rôle joué par les bureaux de poste sur le marché des transferts d’argent en Afrique et évoque des moyens de rendre les actifs publics en place plus compétitifs et plus inclusifs.
A noter que ces assises d’Abidjan aborderont des thèmes portant notamment sur le cadre juridique et institutionnel relatif aux bureaux de poste et aux transferts d’argent, les partenariats public-privé, les technologies innovantes favorisant l’inclusion financière, le positionnement des opérateurs postaux sur le marché et les différentes expériences menées sur le terrain.
L’accent sera également mis sur des projets pilotes réalisés au Bénin, au Ghana, à Madagascar et au Sénégal afin de "partager les meilleures pratiques et d’examiner des solutions permettant d’étendre ces projets à d’autres pays".
15 nov 2016
Source : MAP