Le maire démocrate de New York, Bill de Blasio, est monté au créneau mercredi face à Donald Trump pour défendre les clandestins que le président élu a promis d'expulser, se faisant ainsi le porte-drapeau des villes américaines qui entendent défendre la tradition d'accueil américaine.
Pour sa première rencontre avec Donald Trump depuis son élection à la présidence américaine, le maire de New York, qui a toujours été un virulent critique du magnat de l'immobilier, n'a pas mâché ses mots, si l'on en croit le compte-rendu qu'il a fait de la rencontre à sa sortie de la Trump Tower, le QG du milliardaire à Manhattan.
Il a indiqué avoir prévenu le futur président que "New York, comme beaucoup d'autres villes américaines, ferait tout (son) possible pour protéger (ses) habitants et s'assurer que les familles ne soient pas séparées", alors que Donald Trump a promis d'expulser des millions de d'immigrés clandestins et de construire un mur à la frontière mexicaine.
"New York est LA ville des immigrés", a souligné M. de Blasio, issu lui-même d'une famille venue d'Italie, tandis que la mère de Donald Trump était Ecossaise et son grand-père allemand.
La première mégapole américaine, symbole du "melting-pot" américain, a "réussi car elle était ouverte à tous, elle a été construite par des immigrés, génération après génération", a-t-il ajouté.
"Je lui ai dit que nous étions inquiets, que nous voulions montrer à tous les new-yorkais, y compris les musulmans, qu'ils sont bienvenus, et que les politiques d'exclusion saperaient notre capacité à créer une unité, une dynamique où tout le monde se sent également membre de la communauté, prêt à travailler pour se protéger les uns les autres, prêt à travailler avec les forces de l'ordre pour le bien de tous", a-t-il encore ajouté.
Comme M. Blasio, les maires de plusieurs autres grandes villes américaines à forte population immigrée ont fait voeu de protéger leurs clandestins: Los Angeles, San Francisco, Seattle, Chicago, Boston, Providence, Philadelphie ou la capitale Washington.
Dès sa première interview télévisée en tant que président élu dimanche, Donald Trump avait réaffirmé son intention de mettre en oeuvre la politique anti-immigration qui a été au coeur de sa campagne.
"Ce que nous allons faire, c'est prendre les gens qui sont des criminels et qui ont des casiers judiciaires, qui appartiennent à des gangs, qui sont des trafiquants de drogue (...), sans doute deux millions, ça peut aussi être 3 millions (de personnes), nous allons les renvoyer du pays ou nous allons les mettre en prison", avait-il déclaré sur CBS.
Ces déclarations ont suscité une forte inquiétude et des déclarations de résistance immédiate de certains maires, qui ont ces dernières années fait de leur ville des "sanctuaires" face à une politique d'expulsion durcie de l'administration Obama.
Ainsi, le maire de Chicago, Rahm Emanuel, un proche de Barack Obama, déclarait dès le lendemain que sa ville "serait toujours une ville sanctuaire".
Le maire de Los Angeles, le démocrate Eric Garcetti, a lui aussi promis que "dès le premier jour de la présidence" Trump, s'il voyait des actions "hostiles à notre population, hostiles à notre ville, néfastes pour notre économie, néfastes pour notre sécurité, nous prendrons la parole, haut et fort, et nous ferons du raffut".
La notion de "ville sanctuaire" ne recouvre pas forcément les mêmes mesures partout aux Etats-Unis. Elle peut par exemple se traduire par l'octroi de papiers d'identité à certains clandestins, comme c'est le cas à New York avec la carte d'identité propre à la ville.
Dans la mégapole californienne, les policiers ont depuis longtemps l'interdiction d'approcher quelqu'un dans le seul but de vérifier son statut, selon le Los Angeles Times. Et le chef actuel de la police a décidé de ne plus remettre les clandestins arrêtés pour des délits mineurs aux agents fédéraux chargés des déportations.
Pendant la campagne, Donald Trump a menacé de couper les fonds fédéraux à ces villes-sanctuaires.
Mais pour Jonathan Blazer, expert à l'American Immigration Council, une association de défense des immigrés, les responsables de ces villes "n'ont pas peur, ils sont même contents de se battre".
"Parce qu'ils ne sont pas d'accord politiquement avec son programme, mais aussi et surtout parce qu'ils pensent qu'ils peuvent gagner ce combat politique et juridique".
17 nov 2016
Source : AFP