Les militants d'extrême droite allemands sont de plus en plus souvent disposés à commettre des actes violents et se rapprochent de leurs homologues européens, voire américains, estime le chef du service allemand de renseignements, Hans-Georg Maasen.
"Il ne s'agit plus d'un phénomène purement allemand", a déclaré à Reuters mardi soir le dirigeant de l'Office fédéral de protection de la Constitution (BfW). "L'extrémisme de droite tisse des liens à l'échelle européenne et, dans certains cas, avec les Etats-Unis."
Si elles sont encore loin d'atteindre la taille et la densité des réseaux islamistes, les connexions entre groupes d'extrême droite sont surveillées de près par les autorités européennes qui s'efforcent de coopérer sur cette question.
Le BfW a dit au mois de juin avoir constaté un net regain des violences imputées à l'extrême droite durant l'année 2015, lors de laquelle l'Allemagne a vu arriver sur son territoire près d'un million de migrants.
Il avait alors annoncé des mesures pour entraver l'émergence de groupes "terroristes d'extrême droite" mieux structurés.
"Nous avons constaté à plusieurs reprises qu'il y a parmi les extrémistes de droite de nombreux individus qui sont prêts à passer à l'acte et ont uni leurs forces pour former des cellules terroristes d'extrême droite", a souligné Hans-Georg Maasen.
Dans son rapport annuel, l'agence de renseignements dit que le nombre d'actes violents imputés à la mouvance d'extrême droite a bondi de 42% l'an dernier. Il y a eu 75 incendies criminels visant des foyers de réfugiés contre cinq un an auparavant.
Ce document évalue à 11.800 le nombre d'extrémistes de droite violents, soit près d'un extrémiste de droite sur deux vivant en Allemagne.
Hans-Georg Maasen s'inquiète en outre du risque de voir la Russie interférer dans le processus électoral en Allemagne comme elle est soupçonnée de l'avoir fait au cours de la campagne présidentielle aux Etats-Unis.
"Cela pourrait se reproduire l'année prochaine et nous sommes inquiets", a dit le chef du BfW. "Il nous semble qu'il s'agisse d'une menace hybride pour influencer tant les électeurs que la prise de décision politique."
Ces déclarations font écho à des propos tenus la semaine dernière par la chancelière Angela Merkel qui a fait état de soupçons d'attaques informatiques et de campagnes de désinformation en provenance de Russie.
16/11/2016 (Andreas Rinke et Andrea Shalal)
Source : Reuters