Une étude menée sur les valeurs des personnes réfugiées en Allemagne entre 2013 et 2016 met à mal les arguments des anti-immigration. Les réfugiés sont très majoritairement pour l'égalité hommes/femmes et la démocratie.
C'est une étude qui va à l'encontre des préjugés sur les réfugiés, formulés notamment en Allemagne. Le Monde a repéré cette enquête, fruit d'entretiens de 450 questions, posées à 2350 réfugiés majeurs arrivés en Allemagne entre janvier 2013 et 2016.
Loin des discours anxiogènes pointant du doigt d'éventuelles difficultés d'insertion de ces migrants, qui seraient liées aux régimes politiques et aux religions de leurs pays d'origine, cette étude d'une centaine de pages révèle notamment que, pour 92% des réfugiés interrogés, les femmes et les hommes devraient bénéficier des mêmes droits. Les personnes interrogées viennent principalement de Syrie, Afghanistan, Irak, Albanie, Serbie, Kosovo, Érythrée, Somalie, Iran et Pakistan.
L'Allemagne, un pays de droits de l'Homme
Ils sont sept sur dix à avoir quitté leur pays d'origine par peur de la guerre, 44% à avoir souhaité échapper à des persécutions, 38% aux discriminations et presque autant (36%) à avoir fui pour éviter un travail forcé. Six réfugiés sur 10 se sont installés directement en Allemagne quand le reste a d'abord transité par d'autres pays.
Autre enseignement: 73% des sondés affirment avoir choisi de rejoindre l'Allemagne car c'est un pays qui respecte les droits de l'Homme. 43% d'entre eux expliquent qu'ils ont été séduits par le niveau du système éducatif et 42% mettent en avant l'ouverture du pays envers les étrangers. Seul un quart des personnes interrogées mettent en avant des considérations économiques.
Consensus autour d'élections libres
On constate peu de différences entre les opinions des réfugiés et celles des Allemands, sur plusieurs points. Selon cette enquête, 96% des réfugiés interrogés estiment que la démocratie est la meilleure forme de gouvernance (95% des Allemands interrogés en 2013, lors d'une étude portant sur les mêmes interrogations, avaient exprimé ce sentiment). Ils sont tout autant à se prononcer en faveur d'élections libres (contre 91% des Allemands).
Seuls 21% des réfugiés sondés ont exprimé leur volonté d'avoir un régime autocratique, mené par un leader fort, qui ne serait pas concerné par les élections, quand 22% des Allemands ont émis cette volonté. On note que 13% des réfugiés estiment que les chefs religieux ont un rôle à jouer dans l'administration du pays, quand 8% des Allemands partagent cette position. Ils sont 55% à être totalement ou partiellement d'accord avec cette affirmation: "ce sont des experts qui devraient administrer le pays, et non le gouvernement". Ils sont 59% des Allemands à abonder en ce sens.
Opinions partagées sur la rémunération et l'éducation
Interrogés sur l'égalité hommes/femmes, 86% des réfugiés estiment que la meilleure façon d'être indépendantes, pour les femmes, est d'avoir un emploi (contre 72% des Allemands). Pourtant, pour une partie des sondés, réfugiés comme Allemands, le sexisme a la vie dure, notamment sur la question de la rémunération.
Près d'un tiers des réfugiés affirme que lorsque la femme gagne plus que son mari, cela mène à des problèmes dans le couple (18% des Allemands sondés à partager cette opinion). Réfugiés et Allemands sont presque autant à penser que les parents doivent se préoccuper davantage de l'éducation des garçons que celle des filles (18%, contre 16%).
"Ceux qui viennent en Allemagne le font par attachement à nos valeurs ainsi qu'aux droits de l'Homme et des minorités (...) J'espère que ces résultats contribueront à l'objectivation du débat en Allemagne", a commenté Andrea Nahles, la ministre du travail, dans des propos rapportés par Le Monde.
16/11/2016 S, Iris Péron
ource : L’express