samedi 23 novembre 2024 10:18

720 000 clandestins étudient aux États-Unis

Des milliers d'étudiants sans-papiers attendent une loi qui leur permettrait d'être régularisés. L'opposition fait tout pour en empêcher le vote.

Il y a un mois, Renata Teodora croyait encore à son rêve américain. Ce 21 septembre, la jeune étudiante sans-papiers de 23 ans manifeste à Boston (Massachusetts) avec une centaine d'autres pour soutenir le Dream Act (Development, relief and education for alien minors) qui doit être voté à Washington le lendemain.

Menace d'expulsion

La loi lui permettrait d'obtenir le précieux sésame : une autorisation de résidence de six ans. Comme 720 000 autres jeunes clandestins, Renata Teodora remplit les conditions : être arrivé sur le sol américain avant ses 16 ans, et avoir validé deux ans d'études supérieures ou s'être engagé dans l'armée.

Si le Dream Act traîne depuis dix ans, l'administration Obama en a fait une priorité et veut la faire passer avant les élections de mi-mandat, le 2 novembre. Les Républicains y voient un encouragement à l'immigration illégale et bloquent les débats au Sénat.

Les projets de Renata s'éloignent. Elle veut être psychologue aux États-Unis, son pays depuis 17 ans. Elle avait 6 ans quand ses parents ont quitté le Brésil et franchit clandestinement avec elle la frontière. Depuis, elle a appris l'anglais, fait sa scolarité et obtenu son bac. Aujourd'hui, elle suit difficilement des études à l'Université du Massachusetts. Car, sans papiers, la jeune fille n'a droit à aucune aide, ni à un prêt. « Je dois payer les 1 059 dollars (757 €) que coûte chaque matière. Je travaille à plein-temps, j'assiste aux cours que je peux payer », résume-t-elle.

Chaque année 65 000 jeunes sans-papiers obtiennent leur bac aux États-Unis. Ils tentent d'y construire leur vie, mais n'ont pas le droit de travailler, de passer leur permis de conduire ou de s'inscrire dans certaines facultés. Ils sont aussi sous la menace d'une expulsion.

En juin dernier, l'arrestation d'un clandestin mexicain, étudiant à Harvard (la meilleure université du pays située près de Boston) qui revenait d'un voyage au Mexique avait provoqué un tollé. Les dirigeants de Harvard étaient intervenus pour stopper la procédure.

Renata Teodora, elle aussi, y a échappé de peu. « Il y a trois ans, mon frère de 20 ans, s'est fait arrêter et expulser. Ma mère s'est alors présentée à l'immigration et a été expulsée avec ma petite soeur, explique-t-elle. L'immigration ne connaissait pas mon existence, je suis restée, je n'ai pas vu ma famille depuis ce temps. Si je rentre au Brésil, jamais je ne pourrais revenir ici. »

Après cet échec, la Maison blanche a, à nouveau, affirmé vouloir faire passer la loi. Mais à deux semaines du scrutin, cela semble difficile. Et si les démocrates perdent la majorité, la loi pourrait être enterrée, les rêves de ces étudiants avec elle. Quand Renata pourra-t-elle revoir sa famille ?

Source : Ouest France


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