samedi 23 novembre 2024 09:46

Marocains résidant à l’étranger : L'impact de la crise économique en débat

Le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger a organisé, hier à Madrid, avec plusieurs partenaires espagnols un séminaire sur les effets de la crise sur les Marocains en Espagne.

Au quatrième trimestre 2009, pas moins de 209.351 Marocains vivant en Espagne étaient sans emploi. La communauté marocaine est en effet l'une des plus affectées par les effets de la crise économique. Une situation qui pousse le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) et l'institut d'études du monde arabe et musulman La Casa arabe vient d'organiser à Madrid, un séminaire pour débattre de la question.

Placée sous le thème : «Les effets de la crise sur les migrants en Espagne : le cas des Marocains», cette rencontre dont les travaux se sont déroulés hier, a été organisée en partenariat avec la Direction générale de la citoyenneté espagnole à l'extérieur et la Direction générale de l'intégration des immigrés. Les responsables marocains et espagnoles tentent à travers cet événement de mesurer l'impact réel de la crise sur la communauté marocaine. «Cette initiative se propose de permettre aux différents intervenants en matière de migration marocaine, tant au Maroc qu'en Espagne, d'avoir une meilleure compréhension des conséquences sociales et économiques de la crise sur les migrant(e)s», affirment les organisateurs de la rencontre. In fine, le but du séminaire est d'aboutir à une vision concertée sur les éventuels mécanismes et stratégies à adopter. Les organisateurs s'étaient déjà fixé un triple objectif.

Dans ce sens, un premier atelier a dressé un état des lieux et une analyse des effets de la crise sur les migrants marocains ; le second atelier était destiné à présenter et débattre des mesures gouvernementales de réponse à la crise et, enfin, une table ronde a réuni divers acteurs marocains et espagnols, (syndicats, groupements professionnels, associations, chercheurs…) pour partager plusieurs expériences visant à relever les défis de la crise. Outre la participation de chercheurs marocains et espagnols, des représentants des syndicats espagnols et marocains (CDT, UMT, UGTM, FDT, UNMT), l'événement a connu également l'intervention de Mohamed Ameur, ministre délégué chargé de la Communauté marocaine résidant à l'étranger, et Driss El Yazami, président du CCME.

M. Ameur en visite en Espagne s'était déjà réuni dimanche dernier avec les présidents et les représentants des associations des Marocains établis à Madrid et sa région.

A cet effet, M. Ameur a indiqué, rapporte l'agence MAP, qu'un programme a été lancé par son département pour soutenir les membres de la communauté marocaine à l'étranger en situation difficile. Il s'agit particulièrement d'apporter aide et assistance aux retraités, aux détenus et aux mineurs d'âge, de procéder au rapatriement des dépouilles des immigrés nécessiteux et d'apporter une aide juridique aux immigrés en situation de précarité, aux côtés du soutien des associations actives dans le domaine social et l'aide à l'éducation des enfants dans certains pays d'accueil.

A noter que l'Espagne figure parmi les pays les plus touchés par la crise économique mondiale. Bien que le gouvernement Zapatero ait adopté plusieurs mesures pour doper l'économie du pays, la crise a sérieusement impacté plusieurs secteurs, notamment le tourisme et l'immobilier. Deux secteurs qui emploient particulièrement de nombreux expatriés marocains. Au premier trimestre 2010, le taux de chômage officiel frôlait les 20.5% parmi la population active et le nombre des chômeurs atteint au premier semestre de cette même année le record de 4,6 millions. «La présente crise, particulièrement en Espagne, est d'une très grande gravité d'où la nécessité de se pencher sur le rapport entre crise et migrations, les répercussions politiques, économiques, sociales et humaines, les mesures gouvernementales et les initiatives privées entreprises pour en atténuer les effets sur l'ensemble des travailleurs, dont les migrants», déclarent les responsables du CCME.

L'emploi précaire, l'absence de formation et la méconnaissance de la langue du pays d'accueil sont des éléments qui accentuent la vulnérabilité des migrant(e)s en temps de crise basculant parfois dans l'irrégularité, quand ils ne font pas les frais d'une xénophobie accentuée par la crise. Les chiffres sont éloquents par rapport à la situation des Marocains. On comptait en 2007 près de 82.262 chômeurs parmi les Marocains. En 2008, ce chiffre est passé à 151 027. Et en 2009, ils étaient près de 18.629 sans sécurité sociale sur un total de 219.419 affiliés au 31 décembre 2009. Quant à la part des transferts en provenance de l'Espagne par rapport au montant total des transferts vers le Maroc, elle est passée de 15,7% en 2007 à 14,6% en 2008 puis à 11, 5% en 2009.

20/10/2010

Source : Le Matin

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