Centres de rétention crasseux et surpeuplés, cellules irrespirables, violences policières, les conditions de détention en Grèce des migrants ayant illégalement franchi la frontière ont été dénoncées comme "inhumaines" mercredi par un haut responsable de l'Onu à Athènes.
"Le temps est venu de prendre des mesures urgentes pour restructurer fondamentalement toute la structure de prise en charge des migrants" en Grèce, a déclaré mercredi le rapporteur spécial de l'Onu sur la torture, Manfred Nowak, au cours d'une conférence de presse à Athènes, donnée à l'issue d'une mission de 10 jours en Grèce.
Le rapporteur spécial a surtout noté la surpopulation des cinq prisons et neuf commissariats de police visités au cours d'une mission également consacrée aux centres de rétention et hôpitaux psychiatriques.
Certaines cellules de détention dans les commissariats, où les migrants sont parfois gardés jusqu'à deux semaines, étaient si bondées et sales que la mission de l'ONU a eu du mal à respirer, a-t-il témoigné.
"Je lance un appel à l'Union européenne, et à la Commission en particulier, pour aider le gouvernement grec (...) qui a besoin d'une assistance financière et technique substantielle afin de résoudre cette crise" a-t-il dit.
"Très souvent on m'a dit que le personnel de nettoyage n'osait plus entrer dans ces lieux surpeuplés"? a ajouté M. Nowak, "les conditions d'hygiène sont tout simplement indescriptibles".
Ainsi dans les cellules de rétention de l'aéroport international d'Athènes --prévues pour accueillir 18 personnes par groupes de deux-- la mission a trouvé 88 personnes, le plus souvent condamnées à uriner dans des bouteilles par manque de toilettes disponibles.
"C'est en soi inhumain", a ajouté M. Nowak.
Pour améliorer la situation, il a préconisé un transfert de l'examen des procédures d'asile aux autorités civiles du pays, et le placement du secteur des soins médicaux en prison sous tutelle du ministère de la Santé.
Il a aussi réclamé la création d'une commission indépendante enregistrant les plaintes contre la police pour enquêter sur les cas d'abus.
Citant des chiffres du gouvernement grec envoyés à l'Onu, entre 2003 et 2007, il a relevé qu'un seul officier de police avait été démis de ses fonctions dans le cadre de 238 enquêtes ouvertes pour mauvais traitement.
M. Nowak a également affirmé que dans certains quartiers populaires d'Athènes où les migrants squattent places et bâtiments à l'abandon, la police elle-même se sentait "menacée" par des groupes d'extrême droite, auteurs d'agressions racistes à l'encontre de ces populations.
Entre 300 et 400 personnes entrent illégalement en Grèce chaque jour, sans compter celles qui sont renvoyées par les autres pays européens, au titre du réglement communautaire sur le droit d'asile Dublin II, a indiqué M. Nowak.
Selon les chiffres de la police, 96.000 immigrants illégaux ont été arrêtés en Grèce au cours des neuf premiers mois de l'année, et les arrestations à la frontière terrestre gréco-turque ont progressé de près de 400% en un an.
Source : Romandi/AFP