mercredi 3 juillet 2024 18:20

picto infoCette revue de presse ne prétend pas à l'exhaustivité et ne reflète que des commentaires ou analyses parus dans la presse marocaine, internationale et autres publications, qui n'engagent en rien le CCME.

Interview avec André El Baz, peintre et écrivain marocain,

Les Villas des Arts de Casablanca et de Rabat présentent pendant deux mois plus de 200 œuvres d'André El Baz, l'un des précurseurs de la peinture marocaine. A cette occasion, les éditions La croisée des chemins viennent de publier un livre inédit sur la vie de cet artiste pluridisciplinaire.

ANDRÉ EL BAZ : En fait, l'idée vient d'une proposition du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) qui voulait produire un livre sur un peintre marocain. J'ai trouvé là l'occasion de montrer qu'il y avait des personnalités, artistes, avocats, médecins et autres qui vivent à l'étranger et qui représentent dignement leur pays, le Maroc, mais dont on ne parle malheureusement pas souvent. Donc, l'idée est de parler des Marocains de cet autre côté de la rive de façon positive.

Personnellement, je me suis toujours présenté en tant que Marocain à travers toutes mes expositions dans le monde. L'idée du CCME, à travers ce livre, est de montrer et faire connaître les Marocains autrement, loin des idées préconçus et des préjugés. Ce livre raconte aussi un peu l'histoire d'un des précurseurs de la peinture marocaine en partant d'El Jadida, Rabat, en passant par Londres, Montréal, New-York, etc. Le livre relate des anecdotes, des expositions, des conflits… Des choses extraordinaires qui couvrent 50 ans de la vie d'un artiste mais il est aussi rempli d'expériences qui m'ont marqué en parallèle avec mon histoire d'artiste : pourquoi j'ai choisi la peinture, les rencontres avec d'autres artistes, bref, c'est une rétrospective en images....

A propos de vos tableaux, d'où vous vient l'inspiration, notamment pour ce qui concerne votre ville natale El Jadida ?

Je pense que l'inspiration, c'est des racines, c'est-à-dire le fait d'avoir des racines. En ce qui me concerne, je suis «Jdidi », donc nous avons des racines et nous avons cette sève qui monte en nous, qui nous fait produire. Par exemple, dans l'un de mes tableaux, j'ai peint un orchestre classique que j'avais vu à Londres; j'y allais presque tout les soirs pour écouter de la musique et c'est formidable de voir que l'Occident m'apporte des plus pour mes toiles. Il faut dire que mon père était luthiste et le fait de l'avoir vu jouer est formidable, de voir qu'il y a un apport supplémentaire qui enrichi notre art et notre vécu. L'inspiration est donc une chose multiple. En partant de mon expérience, à partir d'un certain moment, je n'ai plus voulu peindre des lieux ou des choses mais j'ai voulu exprimer le monde actuel. En effet, de nos jours, il n'y a pas un lieu où il n'y a pas la guerre, il n'y a pas un lieu où on ne s'entretue pas et c'est à partir de là que ma façon de voir et donc de peindre a changé. La peinture, c'est aussi un message qui s'inscrit dans le fil du temps. Il faut bien dire que la peinture contemporaine est devenue une véritable tragédie et l'idée est d'en faire une destruction reconstructrice.

Comment vous voyez la peinture « idéale », ou plus exactement un tableau qui représenterait la conclusion de tout un parcours ?

En fait, je ne sais pas. Il y a beaucoup de peintres dont un très grand nombre s'est suicidé dont Van Gogh, Rocco et bien d'autres.

Ces artistes ont mis fin à leurs jours car ils étaient justement en quête de cette peinture idéale. Or, c'est impossible parce que si on peint ce tableau, cela suppose que l'oeuvre est achevée. Pour moi, on ne peut donc pas parler de tableau idéal mais d'une quête constante du tableau qui représente un état d'esprit, une idée ou une époque donnée.

Un dernier mot sur vos projets à venir...

J'espère réaliser une très grande exposition à Madrid...

Source : Le Matin

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