Du vendredi 5 au dimanche 7 novembre, l’Amitié judéo musulmane de France organise un échange entre mosquées et synagogues. Une cinquantaine de communautés des deux religions, principalement en région parisienne, ont répondu à l’appel
Visite de la mosquée des Tarterêts, à Corbeil-Essonnes (Essonne), lors de la tournée du bus de l'Amitié judéo-musulmane de France le 21 avril 2006 (Photo : P. RAZZO/CIRIC).
Depuis six ans, le bus multicolore de l’Amitié judéo-musulmane de France (AJMF) parcourt les quartiers populaires des villes d’Île-de-France et de province pour écouter, proposer des lectures et des films afin de lutter contre les préjugés entre les deux religions.
L’année dernière, l’AJMF a décidé de laisser son vieil autobus au garage le temps d’un week-end et de proposer aux communautés des deux religions d’inviter eux-mêmes leurs voisins pour une rencontre, boire un verre, voire partager un couscous.
Cette année, pour la deuxième édition de l’opération portes ouvertes entre mosquées et synagogues, du vendredi 5 au dimanche 7 novembre, plus de 50 communautés des deux religions ont répondu à l’appel.
Le grand saut de la rencontre
« Dans un monde où tout porte à accuser l’autre, ces rencontres, dans un climat de paix, permettent de dépasser les barrières que l’histoire a dressées entre les deux communautés », explique l’imam Mohammed Azizi, de l’institut El Ghazali, qui a contacté l’ensemble des communautés musulmanes du pays pour l’AJMF.
L’association propose d’abord aux musulmans d’accueillir les juifs dans leur mosquée le vendredi après la prière de 13 heures. Le samedi, jour de shabbat pour les juifs, les musulmans sont invités à se rendre à la synagogue pour assister à la vénération et la lecture publique du livre sacré des juifs.
« En assistant à ce moment central de la prière juive, les musulmans se rendent compte de la proximité de cette pratique avec la lecture du Coran », explique le rabbin Michel Serfati, président de l’AJMF. Après la prière du shabbat, une collation est proposée.
Pour plusieurs communautés participantes – situées principalement en région parisienne et dans le Sud –, c’est le grand saut de la rencontre. Certains musulmans, comme à Carcassonne (Aude), ne sont ainsi jamais entrés en contact avec leurs frères juifs.
«Nous avons beaucoup de points communs»
Dans d’autres cas, les relations sont déjà solides. Ariel Bendavid, rabbin de la synagogue de Colombes (Hauts-de-Seine), rencontre ainsi déjà régulièrement les responsables de la communauté musulmane de sa ville. « Pendant ma jeunesse au Maroc, nous étions comme frères et sœurs. On était invités aux mariages musulmans et inversement », raconte le rabbin, originaire de Casablanca et qui parle couramment arabe.
Au cours des rencontres entre communautés le week-end prochain, en plus de la vie du quartier, il sera souvent aussi question de religion. À Colombes, un thème a d’ores et déjà été défini. Plus d’un mois et demi après la fin du Ramadan, les représentants religieux aborderont ensemble le thème du jeûne.
« L’islam s’inscrit dans la grande lignée des religions monothéistes chrétienne et judaïque. La proclamation du prophète Mohammed est dans la continuité de celles des prophètes juifs Abraham, Israël, Isaac, Jacob ou Moïse. Nous avons beaucoup de points communs », insiste l’imam Azizi.
Et pour ceux qui hésitent encore à se rencontrer le jour de la prière, l’AJMF propose une réunion le dimanche, jour plus neutre, pour un repas ou une fête. « L’expérience des “tours de France”, organisés depuis six ans, ne nous a pas fait perdre de vue la position radicale de certains juifs et musulmans, modère le rabbin Serfati. Pour plus de souplesse, nous laissons le choix de la formule appropriée. »
Source : La Croix