mercredi 3 juillet 2024 18:25

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Festival du film de Doha: La participation marocaine, une contribution au respect de la diversité

Comme bien d'autres parmi les 51 visionnés lors du dernier Festival Tribeca de Doha, les deux films marocains "Itto Titrit" et "La mosquée" ont apporté leur part respectable à la promotion du respect de la diversité.

Le premier, du réalisateur Mohamed Abbazi, a non seulement le mérite d'avoir introduit dans un si grand forum du septième art une Âœuvre dont les dialogues sont entièrement en langue tamazight, mais il témoigne aussi éloquemment de la réelle cohésion qui régnait entre les Marocains de confession juive qui vivaient au Moyen Atlas et leurs concitoyens musulmans.

Ils parlaient tous tamazight, nouaient des liens d'amitié et de commerce, et, par-dessus tout, portaient le même attachement au Roi et la même ardeur patriotique face à l'occupation coloniale.

Toile de fond pour l'histoire de "Itto Titrit", la lutte anti-coloniale a d'ailleurs constitué l'un des principaux thèmes que cette deuxième édition du Doha Tribeca Film Festival (DTFF) a privilégié dans sa sélection, avec en particulier le film "Hors la loi", du franco-algérien Rachid Bouchareb, relatant la guerre d'Algérie et honoré comme film d'ouverture du festival, et "The first grader", un chef-d'Âœuvre tourné au Kénya par le Britannique Justin Chadwick, qui a raflé le premier Prix du public et marqué la soirée de gala clôturant le festival samedi dernier.

"Si le respect de la diversité avait dominé les comportements humains, il n'y aurait pas eu colonisation, mais échange, partenariat et compréhension mutuelle", a commenté un jeune Kényan au milieu de la foule qui quittait la Salle Opéra du Village Culturel de Doha, après y avoir chaleureusement applaudi "The first grader".

Mais que peuvent être le respect de la diversité et le rejet du colonialisme sans l'ingrédient fertilisant de l'éducation? En fait, autant "The first grader", dans sa splendeur hollywoodienne, que "Itto Titrit", dans sa simplicité marocaine, s'efforcent, avec, bien entendu, des fortunes différentes, à montrer à quel point l'éducation est à la fois un besoin et un droit sans lequel la dignité humaine peut être durement bafouée.

Ainsi, face à l'octogénaire et sympathique paysan kényan (Oliver Litondo) qui se mêle opiniâtrement aux bambins d'une école pour apprendre à lire, que nous présente Justin Chadwick, c'est une délicate jeune fille (Nisrine Fouad Ichou) d'un Maroc d'avant l'indépendance, pétillante d'intelligence mais privée d'école, que Mohamed Oumouloud Abbazi nous révèle, porteuse d'une quête juvénile et volontariste de connaissance.

Dans les deux cas, les vieilles prétentions "civilisatrices" du colonialisme sont simplement démenties, et les bénéfices de l'émancipation subtilement insufflés à coups de symboles.

Sans doute les deux metteurs en scène seraient-ils surpris de ce rapprochement, eux qui, comme tant d'autres, se soucient de la liberté du public et réfutent qu'on leur attribue tel ou tel message.

Sans doute aussi que l'autre cinéaste marocain invité au Tribeca, Daoud Oulad-Syad, ne s'étonnera pas qu'on trouve dans son Âœuvre, "La mosquée", cette même démarche brossant la diversité pour mieux la faire connaître, pour mieux la faire aimer.

Cela commence par la diversité géographique et humaine, puisque avec Oulad-Syad on n'est plus dans le décor moyen-atlassien et verdoyant d'Abbazi, mais dans celui des oasis du Draa, dont la prenante beauté séduit toujours touristes et cinéastes. Ici, et n'en déplaise à ceux qui veulent refaire la géopolitique, c'est toute l'appartenance du Maroc à l'espace sahélien qui crève l'écran.

En attestent le sable aride, les sobres palmiers, la peau plus que bronzée des gens et un mode d'existence où une famille n'a pour gagne-pain qu'un arpent de terre.

Ce changement de décor nous amène dans une histoire de vrai "décor cinématographique" ou de "fausse mosquée" à première vue simple et anodine, si ce n'était que ce décor est devenu un vrai lieu de prière.

Alors que les aménagements mis en place pour un précédent tournage ont été enlevés par les habitants, celui qui a servi de mosquée est non seulement épargné, mais fréquenté par un imam douteux et des villageois consciencieusement hostiles à sa destruction.

A travers la circonspection complice des autorités locales et la catastrophe qui tombe ainsi sur la tête de Moha (Abdelhadi Touhrache), propriétaire du terrain où est planté le décor, Daoud Oulad-Syad nous fait vivre tout le dilemme qui, incidemment, peut opposer la foi à la loi.

Est-il normal que dans cet imbroglio, le pauvre Moha ne trouve de soutien qu'auprès d'un seul homme qui, bien qu'ancien imam et docte en la matière, subit rejet et marginalisation ?

Fidèle à la sacro-sainte liberté du spectateur, l'auteur ne donne évidemment pas de réponse à cette question. Mais il fait vivre aux villageois, comme au public, leur coutumière bonne humeur, à Moha son bon cÂœur contre sa mauvaise fortune, et à toute l'oasis une nouvelle notoriété dont les retombées font vite oublier les inconvenances.

A l'image des quelques Âœuvres précitées, beaucoup d'autres sélectionnées pour cette deuxième édition du DTFF ont célébré avec brio les mêmes valeurs de diversité, de liberté et d'éducation.

Source : MAP

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