Décrit par le pianiste légendaire Ferenc Rados comme un «remarquable musicien», sa «spontanéité» et son «jeu naturel» sont souvent ovationnés et décriés par ses collègues dans une discipline artistique où il est souvent difficile de percer.
Agé à peine de 28 ans, Marouan Benabdallah est incontestablement le premier représentant de son pays à l'étranger. Grâce à ce virtuose du piano, le Maroc se retrouve sur la scène de concerts internationaux. A propos de cet univers, notre pianiste déclare que c'est un monde extrêmement exigeant où on n'a pas droit à l'erreur. Avec un héritage musical profondément enraciné dans la tradition hongroise, Marwan Benabdallah a reçu sa formation au conservatoire Béla Bartok et à l'académie Frantz Litz de Budapest.
En 2008, il s'est vu décerner la médaille du Parlement hongrois en «reconnaissance de son talent exceptionnel et de ses accomplissements dans le domaine musical». Un honneur qu'il partage avec Placido Domingo, José Cura et d'autres. Né à Rabat en 1982, Benabdallah s'enthousiasme pour le piano à trois ans et prend ses premières leçons à quatre ans avec sa mère professeur de musique. C'est à 13 ans qu'il quitte le Maroc pour poursuivre ses études musicales en Hongrie où il s'initie aux «techniques» de jeu à travers l'étude de la théorie, l'analyse, le contrepoint et la direction. Parallèlement à cela, il intègre la classe de piano de Gabor Eckhardt et la prestigieuse académie Franz Listz avec Sandor Falvai et Kalman Drafi, durant 5 ans. Il en sort diplômé en 2007, après un concert triomphal devant la grande salle comble de l'académie Liszt interprétant le 3e concierto de Rachmaninoff. Ses rencontres régulières avec le pianiste légendaire Ferenc Rados sont décisives dans son approche musicale. «J'ai eu la chance de rencontrer Ferenc Rados en 2004.
Il faut dire que bon nombres de musiciens hongrois sont passés entre ses mains», confie-t-il. Et d'ajouter que cette rencontre a été décisive dans son approche de la musique. «Grâce à lui, j'ai appris à comprendre la valeur et la fonction réelle des notes dans la musique et de ce qu'il y a derrière. Je luis dois beaucoup et je le considère comme mon mentor». De sa carrière professionnelle, on pourra dire qu'elle a débuté en 2003 après son succès triomphal au concours de la radio hongroise et du grand prix d'Andorre. Ses premières invitations le mènent en Allemagne, en Autriche, aux Etats-Unis, en Espagne, en France et en Italie entre autres. Il est alors invité à se produire dans des salles prestigieuses comme la salle Cortot à Paris, le théâtre Noga Hilton de Cannes, la Laeiszhalle de Hamburg, le Cleveland Play House, le Merkin Hall de NewYork, Le Forbidden City Concert Hall à Pékin, l'oriental art center de Shangai, ou la grande salle de l'académie Franz Liszt de Budapest.
L'artiste nous parle également de son répertoire de prédilection qui penche plutôt vers la musique classique du 21e siècle. « C'est une époque qui correspond bien à mon état d'esprit actuel, je mets souvent au programme de mes concerts Debussy, Rachmaninoff, Ravel et Bartok mais j'interprète avec la même passion les œuvres de Saint-Saens, Schumann, Listz, Schubert et Bach pour n'en citer que quelques-uns». Des interprétations denses, diversifiées et vivantes qui inciteront peut-être les férus de musique classique et de piano à assister au concert de Marwan Benabdallah avec l'orchestre philharmonique du Maroc qui aura lieu prochainement.
Bref aperçu de ses projets
Pour les prochains mois, Marwan Benabdallah se produira aux Etats-Unis (Carnegie Hall, Metropolitan Museum, Kennedy Center), au Canada, au Brésil, en Allemagne, en Espagne, en France, en Hongrie, en Italie, au Royaume-Uni, en Suisse, au Koweït, au Qatar, en Inde, en Chine et au Maroc. Il se produira également en concerto avec l'Orchestre du Festival de Castleton, l'Orchestre philharmonique de Bologne, L'Orchestre symphonique royal du Maroc, l'Orchestre symphonique de Hongrie, l'Orchestre symphonique national d'Inde et l'Orchestre symphonique de Tianjin (Chine) en compagnie de chefs tels qu'Ivan Fischer, Renato Palumbo, Oleg Rechetkine et Li Yang. S'ajoute à cela l'invitation qu'il a reçue du maestro Lorin Maazel (l'un des plus grands chefs d'orchestre dans le monde) pour jouer avec lui le troisième concerto de Prokofiev, lors du concert final de son propre festival à Castelton près de Washington le 24 juillet prochain. En mai, Marwan Benanbdallah fera ses débuts au Carnegie hall de New York. En avril, c'est au tour de l'Italie d'accueillir ce talentueux pianiste lors d'un concert au grand théâtre de Bologne. Une saison qui s'annonce donc bien remplie pour ce pianiste «chevronné» qui a su se faire une place dans un milieu où il est difficile de percer. A ce sujet, Benabdallah nous déclare : « La pression est considérable puisque la concurrence est rude. Mais je reste serein, car ce qui compte pour moi c'est de faire toujours mieux».
Source : Le Matin