mercredi 3 juillet 2024 18:22

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Colloque Repenser les frontières culturelles

Se voulant un instrument de diplomatie culturelle et universitaire, l'Institut des Etudes Hispano-Lusophones (IEHL) entreprend des actions à même de jeter des ponts entre la culture marocaine et celle d'autres pays du monde.

Ainsi, des rencontres scientifiques sont programmées, durant toute l'année, dans ce sens, notamment celle de «Repenser les frontières », rentrant dans le cadre du Cycle d'Activité « Intersections : Monde Arabe-Amérique Latine », qui proposent d'analyser les frontières propres aux perceptions culturelles et les espaces de significations ou de références identitaires (nationales, régionales et religieuses) qui, parfois, coïncident avec les démarcations territoriales.

Intervenant à ce propos, João de Pina-Cabral (Instituto de Ciencias Sociales, Universidad de Lisboa) a mis le point sur l'héritage commun, à travers les sciences sociales modernes, des dispositions interprétatives en ce qui concerne la différence socioculturelle qui mettent l'emphase sur les césures, les frontières, les murs. «Le concept d'écoumène nous permet d'approcher la différence comme un procès de diffusion, de mélange, de dialogue. Il n'est pas question de renier l'histoire qui a construit les différentiations socioculturelles, mais de les interpréter d'une façon évolutive et continue qui ne croit pas dans l'efficacité ultime des murs.

Pendant que le multiculturalisme célèbre les différences en tant que césures absolues ; l'œcuménisme demande qu'on soit capable d'imaginer une communalité ultime entre les formes distinctes d'humanité », ajoute-t-il. Aziz Kich, de la Faculté des Sciences de l'Education (Université Mohammed V- Souissi) a, quant à lui, axé son exposé sur la pluralité et l'hybridité dans les cultures universelles, en prenant le cas de la culture marocaine dans ses dimensions humaine et universelle à travers son caractère pluriel et hybride qui s'explique, essentiellement, par son historicité et sa complexité. « La Constitution du Royaume stipule que le Maroc est un pays islamique et que sa langue officielle est l'arabe. Une métaphore bien connue de feu Hassan II assimile le Maroc à un arbre dont les racines sont en Afrique et les branches en Europe.

Dans ses discours, aussi, S.M. le Roi Mohammed VI insiste sur les dimensions multiples de la culture marocaine, qui est à la fois amazighe, arabo-islamique et andalouse, africaine (subsaharienne)… ».

M.Kich a, également, attiré l'attention sur le phénomène de la mondialisation qui, si elle est, pour certains, une promesse de l'avènement du citoyen du monde, elle est, pour beaucoup d'autres, synonyme d'uniformisation, de soumission à un modèle imposé par l'hégémonie économique, technologique et militaire. « Or, il existe une nette distinction entre l'identité définie à l'échelle collective et l'identité assumée par tout individu. En tout cas, les aspirations même d'une société, ses objectifs essentiels, à savoir la démocratie, la liberté, la justice sociale, l'aisance matérielle, etc. ne représentent pas pour l'individu une fin en elle-même : le but de tout un chacun est la réalisation de soi», souligne Aziz Kich.

En outre, dans l'intervention de Rachid Benlabbah (Institut des Etudes Africaines, Rabat), l'accent a été mis sur l'Islam et la conscience de la minorité en Europe, à travers le déplacement des frontières religieuses traditionnelles et historiques qui est devenu un phénomène intéressant dans les temps actuels.

«Souvent l'évocation de la géographique suffisait pour déterminer l'appartenance religieuse. Ce qui n'est plus le cas dans les temps actuels. L'immigration et la balkanisation ont créé en Europe des minorités, certaines déjà existantes, d'autres toutes nouvelles. Le défi pour l'Europe (de l'union), démocratique et juste, est immense. C'est que le droit à la différence perturbe d'abord la vision que celle-ci se fait d'elle-même, rend relatif son discours des valeurs et met à mal notamment ses fondements ou ses frontières intellectuelles et spirituelles. L'Islam et les musulmans ont une histoire toute récente dans la dynamique sociale et politico-religieuse en Europe. Et comme l'histoire est irréversible, ils y sont pour très longtemps et par la force des choses seront européens. Ils y constituent une minorité, trop fortement médiatisée, à l'origine de passions diverses et prise en charge par un discours, hérité des événements du 21 septembre 2001, qui privilégie souvent l'aspect fondamentaliste ou terroriste de cette minorité et l'impossibilité de son intégration », termine M.Kich, dont la recherche a été suivie par d'autres interventions aussi intéressantes de professeurs et chercheurs très qualifiés.

La problématique des migrations

Organisé conjointement par l'Institut des Etudes Hispano-Lusophones, l'Université Nationale Rosario (Argentine) et le Laboratoire de la Triple Frontière (PIP Conseil National de la Recherche Scientifique et Technique (CONICET, Argentine), le colloque « Repenser les frontières/Cultures : continuités et différences/Afrique – Europe – Amérique latine » a fait intervenir, les 11 et 12 novembre au siège de l'IEHL, d'éminents chercheurs et spécialistes d'Argentine, du Brésil, du Mexique, d'Espagne, de France et du Maroc.

Selon la directrice de l'IEHL, Fatiha Benlabbah, le choix de la thématique a été déterminé par l'importance de la problématique des migrations et les constructions identitaires dans le monde et au Maroc en particulier en tant qu'espace de migration et d'immigration.

L'objectif du colloque étant d'étudier les discours sur l'homogénéité et la diversité à l'intérieur des espaces nationaux et transnationaux ainsi que la dynamique de différenciation et d'identité dans les frontières contemporaines.

Source : Le Matin

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