Une rencontre internationale sur les flux migratoires aura lieu le 2 décembre prochain à Rabat.
En quelques années, l'idée d'une «approche globale sur les migrations» paraît s'être progressivement imposée dans la formulation des politiques migratoires européennes. Mais au-delà des expressions de «bonnes intentions», cette approche semble plus formelle que réellement admise.
De plus, elle est traversée de contradictions et fondée sur un déséquilibre fondamental: considérée comme une approche coproduite en partenariat avec les pays du Sud, «l'approche globale» reste un cadre défini exclusivement par les Européens. Pour discuter de cette question, l'Université ouverte « Migration, droits de l'Homme et développement», rattachée à la Faculté des sciences économiques, juridiques et sociales de l'Université Mohammed V-Souissi, organisera, le 2 décembre prochain à Rabat, une rencontre internationale sur le thème : «Les politiques européennes d'immigration vues du Sud», en partenariat avec l'Institut français des relations internationales (IFRI) et le soutien de l'Office chérifien des phosphates (OCP).
Cette rencontre, qui réunira à la fois des représentants institutionnels des différents pays sud-méditerranéens, et particulièrement marocains, ainsi que des membres de la société civile, des représentants d'associations transnationales, des entrepreneurs et décideurs économiques, des chercheurs et des experts d'Europe et du Maroc, tentera de contribuer à répondre à la question suivante : sous quelles conditions « l'approche globale » peut-elle constituer un cadre optimal et viable pour réguler les migrations internationales vers l'Europe, dans le respect des principes fondamentaux du droit des personnes et des enjeux socio-économiques et politiques à la fois des pays de départ, de transit et de destination ? «Notre objectif est d'arriver à une plus grande compréhension de toutes ces thématiques (et bien d'autres en rapport avec le thème central de la rencontre) par le public marocain (étudiants, chercheurs, associatifs, décideurs politiques, etc.).
Par ailleurs, nous souhaitons connaître ce que pensent ces acteurs des politiques migratoires aussi bien européennes que maghrébines et de leurs conséquences sur, notamment, la relation euro-marocaine (euro-maghrébine)", explique Mehdi Lahlou, professeur à l'Institut national de statistiques et d'économie appliquée (INSEA). "Notre but également est de réfléchir à d'autres façons d'approcher la question migratoire des deux côtés de la Méditerranée pour une construction équilibrée au service d'un développement véritable et durable au profit des peuples de la région», ajoute-t-il.
Ce rendez-vous vise également de pointer des doigts les conséquences des politiques d'immigration en Europe. «Notre but est de débattre de ces politiques dans leurs grandes lignes et les politiques en perspective avec la montée en puissance des ''droites dures'' (pour ne pas parler de l'extrême droite) dans le Vieux Continent, avec le repli identitaire (le communautarisme) dans les pays européens et aussi la crise économique et financière que les uns et les autres vivent depuis les dernières années. Par ailleurs, nous allons exposer le caractère pernicieux de certaines demandes européennes actuelles, dont celles qui portent sur le concept de réadmission », conclut M. Lahlou.
Espace Schengen
Cette réunion se déroule dans un contexte où la relation migratoire entre les pays du Maghreb et l'Europe s'est modifiée en l'espace de vingt ans, et ce depuis la mise en place de l'Espace Schengen. D'une part, l'Union européenne (UE) est devenue, malgré les visas, le premier pôle des migrations devant les Etats-Unis. D'autre part, les pays maghrébins ont connu une transformation en profondeur de leur place dans ces migrations, en continuant d'être une région relativement importante d'émigration, tout en se transformant en un lieu de transit, voire de destination. Pour sa part, l'Afrique subsaharienne, qui a longtemps été une terre de migrations régionales, s'est connectée aux migrations internationales, notamment à destination de l'espace européen et en transitant par les pays maghrébins.
Source : Le Matin