Pour faire face à une pénurie croissante de main-d'œuvre dans des secteurs industriels clefs, Berlin a décidé d'alléger les démarches administratives pour certains travailleurs étrangers.
Face à la baisse spectaculaire du chômage outre-Rhin et à la demande croissante de main-d'œuvre qualifiée, Berlin a décidé de faciliter aux immigrés étrangers l'accès au marché du travail allemand. À la demande du patronat, la ministre du Travail, Ursula von der Leyen, a finalement décidé d'alléger les démarches administratives pour les travailleurs immigrés dans les secteurs d'activité où la pénurie est la plus aiguë. Et cela en dépit de la polémique sur l'immigration qui continue d'agiter l'Allemagne.
«À l'heure actuelle, les services de mon ministère sont en train d'établir une liste de métiers pour lesquels nous envisageons d'alléger les démarches administratives pendant une durée limitée», a affirmé von der Leyen dans une interview au quotidien économique Handelsblatt publiée jeudi. Selon les règles en vigueur actuellement, un employeur doit être en mesure de prouver à l'Agence fédérale pour l'emploi qu'il n'a pas trouvé de candidat qualifié pour un poste à pourvoir avant de faire appel à de la main-d'œuvre étrangère. Ce préalable devrait être supprimé dans plusieurs branches d'activité, où les employeurs pourront faire appel directement à des candidats étrangers.
«Liste positive» de métiers
La «liste positive» des emplois concernés est en cours d'élaboration. Cependant, von der Leyen a déjà fait savoir que les ouvriers du secteur des machines-outils et les ingénieurs en automobile, où les besoins sont urgents afin d'honorer les carnets de commandes, seront concernés. Mais aussi les électriciens et les médecins. La ministre du Travail présentera son projet au gouvernement, afin qu'il soit ensuite soumis à l'approbation du Bundestag, avant la fin de l'année. Ainsi, elle espère que la nouvelle réglementation pourra entrer en vigueur dès le premier trimestre 2011.
La ministre conservatrice von der Leyen espère de cette façon forcer la main aux ténors de la CDU de Merkel et à la CSU, son parti jumeau en Bavière, qui freinent ce projet par crainte de prendre l'opinion à rebrousse-poil. «Nous devrions tous prendre conscience de la pénurie de main-d'œuvre qualifiée, lance-t-elle. Cela occasionne des coûts énormes en raison des interruptions dans la production, ce qui gonfle les chiffres du chômage. Nous devons empêcher que certaines entreprises décident de délocaliser une partie de leur production pour pallier ce manque.» En novembre, le taux de chômage a de nouveau baissé. Selon les chiffres de l'Agence fédérale pour l'emploi, 2,931millions de personnes sont sans travail, soit 7% de la population active.
D'après les estimations de l'Agence fédérale pour l'emploi, l'Allemagne devrait faire venir 200.000immigrés par an pour combler ses besoins en main-d'œuvre qualifiée. «Le recours à l'immigration est une obligation en raison de l'évolution de notre démographie, juge Raimund Becker, le patron de l'Agence. Nous devons nous orienter vers une immigration adaptée à notre marché du travail, en adoptant un système à points, comme au Canada, ou en établissant une liste positive de métiers et de qualifications particulièrement demandés.»
Source : Le Figaro