samedi 23 novembre 2024 08:52

Migrations : la tentation du Sud

La majorité des Subsahariens qui quittent leur pays le font pour un autre pays africain, rappelle l'Ined. Plus largement, depuis 2005, le nombre de personnes venant du Sud et ayant choisi d’émigrer vers un autre pays du Sud (61 millions) a rattrapé le nombre de celles qui se sont dirigées vers le Nord (62 millions).

Les immigrés ne représentent aujourd’hui que 3 % de la population mondiale, et, contrairement à une légende tenace, ce pourcentage est à peu près stable depuis plusieurs décennies. Mais comme le montre Gilles Pison dans le bulletin Population et Sociétés publié en novembre par l’Institut national d’études démographiques (Ined) à Paris, la tendance se confirme : depuis 2005, le nombre de personnes venant du Sud et ayant choisi d’émigrer vers un autre pays du Sud (61 millions) a rattrapé le nombre de celles qui se sont dirigées vers le Nord (62 millions).

Dans le monde, les pays qui comptent le plus fort pourcentage d’immigrés au sein de leur population se trouvent dans le golfe Persique (86 % au Qatar, 70 % aux Émirats arabes unis) et sont généralement de petite taille. D’autres États accueillent aussi une importante population immigrée, non parce que cela fait partie de leur système de société comme dans le Golfe, mais en raison d’une situation de conflit chez l’un de leurs voisins. La Syrie hébergeait ainsi 1 million de réfugiés irakiens en 2009, et le Tchad a accueilli quelque 350 000 Soudanais.

Là encore à l’encontre des idées reçues, seulement 4 % des immigrés installés dans les pays industrialisés de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sont d’origine subsaharienne. Cette année, 22 millions des 800 millions de Subsahariens (soit 2,75 %) ont quitté leur pays pour s’installer ailleurs – et massivement dans un autre pays africain. Selon un rapport de 2010 de la Banque mondiale, les couloirs des migrations intra-africaines les plus actifs se situent entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, le Zimbabwe et l’Afrique du Sud, l’Ouganda et le Kenya, la RDC et le Rwanda. Il n’y a donc « pas plus d’exode des Subsahariens que d’“invasion” de Subsahariens en Europe », affirmait déjà l’Ined en janvier 2009.

Source : Jeune Afrique

Google+ Google+