"Repenser la migration en temps de crise économique en Europe" : c'est le titre d'une conférence organisée par la Centrale fédérale pour l'éducation politique, l'Université de Brême et le réseau Migration en Europe.
Quelles sont les conséquences de la crise économique sur l'immigration? C'est la question centrale qui a animé les discussions à Berlin. Anne von Oswald, la directrice du réseau Migration en Europe, a cité une étude publiée au mois d'octobre par l'Institut des Politiques de migration de Washington, intitulée "Où en est la migration deux ans après la crise économique?".
Les migrants particulièrement touchés par la crise
Premier constat : les migrants sont très fortement touchés par la crise, qui a entraîné cinq grands changements notoires. Anne von Oswald:
“L'immigration légale et illégale dans les pays de l'Union européenne ont considérablement ralenti. Certains groupes d'immigrés sont particulièrement touchés par la crise, notamment ceux venus d'Afrique du Nord et d'Amérique Latine en Espagne, ou encore ceux du Bangladesh et d'Inde en Grande-Bretagne. Les jeunes hommes sont plus touchés que les femmes parce qu'ils travaillent dans des branches plus sensibles à la crise. Les versements d'argent dans les pays d'origine ont largement diminué. Enfin, les immigrés doivent désormais s'attendre à de longues périodes de chômage."
Une aubaine pour l'extrême-droite
Autre constat: les partis d'extrême-droite et les lobbies contre l'immigration utilisent la crise pour propager discrimination et xénophobie à l'instar donc de Thilo Sarrazin qui, dans son livre, accuse les étrangers de tous les maux dont souffre actuellement l'Allemagne. Pour Wolfgang Benz, directeur du Centre de recherche sur l'antisémitisme à l'Université technique de Berlin, cette tendance a des précédents historiques:
"En temps de crises, on a besoin d'explications simples et on a besoin de coupables. On l'a vu en Allemagne en 1870 : après une période de croissance florissante, les peurs ont ressurgi. Et les coupables de l'époque, c'étaient les Juifs venus d'Europe de l'Est. On avait peur qu'ils viennent en Allemagne. Et certains ont alors parlé de vagues d'immigrés qui allaient assaillir le pays. Ce que dit Thilo Sarrazin, ce n'est pas nouveau, on l'a déjà entendu plusieurs fois au cours de l'histoire. Et ça fonctionne, car celui qui a peur devient intolérant."
10.12.2010
Source : Deutsche Welle