Que se passe-t-il dans le secteur du transfert d’argent ? Les réseaux offrant le service s’étoffent de manière spectaculaire. Western Union, le géant américain de cette activité, installé au Maroc depuis 1995, annonce qu’il offre désormais ses services dans plus de 5.000 points de vente à travers le Maroc. L’extension de son réseau s’est faite au pas de course sur les 15 derniers mois pour le renforcer de 3.000 points supplémentaires, en s’associant, entre autres avec Wafa Cash (600 agences) et la Banque Populaire (850 agences bancaires).
Depuis 1995, Western Union a graduellement développé ses points de vente en développant des partenariats avec Poste Maroc, Société Générale, BMCI, Crédit Agricole, Cach Com, E-Floussy et Eurosol. L’opérateur américain dit couvrir aujourd’hui l’ensemble du territoire marocain. En contrepartie, Western Union offre à ses partenaires marocains plus de 435.000 points de vente répartis dans 200 pays à travers le monde.
La concurrence s’intensifie sur le marché du transfert d’argent. L’enjeu est de taille : les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) totalisent à fin 2009 quelque 50 milliards de DH (un montant qui équivaut à 3 fois l’aide mondiale annuelle aux pays en développement). « La part de marché de Western Union atteint environ 20% à fin 2009 », souligne Habiba Dassouli, directrice régionale, Afrique du Nord de Western Union.
Entre 1982 et 2009, les MRE ont transféré en totalité quelque 666 milliards de DH. Les 70% de ce montant émanent des Marocains installés sur le vieux continent. Les transferts provenant des pays européens ont totalisé 593 milliards de DH depuis 1982. D’un point de vue statistique, ce sont plus de 80% des 3.200.000 MRE qui vivent en Europe occidentale, 9% résidant dans les pays du Golfe et 6% en Amérique du Nord. La structure démographique des MRE a quant à elle connu une forte mutation pendant ces dernières années. Près de 50% des MRE sont des femmes. «Ce qui explique en grande partie la forte tendance à l’évolution des transferts et de l’épargne», explique un expert.
Le transit de la manne des transferts est monopolisé en grande partie par les réseaux bancaires. La Banque Populaire mobilise quelque 53% de l’épargne des MRE, talonnée par Attijariwafa bank dont la part atteint aujourd’hui environ 20%. Les deux banques se livrent une bataille féroce sur le continent européen, dont émanent 70% des transferts. Ouvrant leurs propres agences en Europe, elles ambitionnent graduellement de canaliser directement les transferts des MRE, sans s’appuyer sur les réseaux de Western Union ou Money Gram. Le secteur est de plus en plus investi par de nouveaux opérateurs. Les points de vente se multiplient et le service se démocratise, mais les tarifs pratiqués restent toutefois exorbitants. L’absence de contrôle de tutelle fait que chaque opérateur propose sa propre fourchette de prix.
16/12/2010
Source : Le Soir Echos