Les réserves des changes ont bénéficié de la reprise du tourisme (+6,6 %) et des transferts des Marocains résidant à l’étranger (+7,7%).
A l'issue de sa réunion trimestrielle tenue mardi 21 décembre, le conseil de Bank Al-Maghrib a décidé, à la lumière des résultats de l'analyse de la conjoncture économique et financière au Maroc et dans le monde, de maintenir le taux directeur à son niveau actuel : 3.25 %.
C'est ce qu'a déclaré Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al-Maghrib, lors d'un point de presse qui a eu lieu le même jour à Rabat.
M.Jouahri a souligné par la même occasion que les performances de l'économie nationale au cours des derniers mois de l'année qui s'achève seraient meilleures que les prévisions établies auparavant. La croissance sera ainsi de l'ordre de 4 % pour 2010 grâce principalement à la demande intérieure et aux performances des secteurs non agricoles qui ont réussi une « bonne reprise ».
Au niveau de la balance des payements et des réserves de changes, le gouverneur de BAM a indiqué que « les résultats sont moins négatifs que ce qu'on avait envisagé » à la faveur des exportations de l'OCP mais aussi d'autres secteurs, y compris le textile.
Ces performances ont eu par la force des choses des conséquences positives sur les réserves des changes. Celles-ci ont bénéficié aussi de la reprise du tourisme (+6,6 %) et des transferts des MRE (+7,7%).
Ainsi, selon M.Jouahri, les réserves de changes termineront l'année au même niveau qu'en 2009 « alors qu'on prévoyait des ponctions substantielles sur elles ». Elles continuent donc de représenter 7 mois d'importations de biens et services. Un bon résultat en situation de crise, selon lui.
Mais à côté de ces performances, Abdellatif Jouahri n'a pas manqué de souligner quelques déficits enregistrés notamment au niveau du compte courant de la balance des payements (5% du PIB). «C'était prévisible ! On s'attendait même à un chiffre plus important que celui qu'on a enregistré » tempère-t-il
Pour ce qui est des finances publiques, le déficit du trésor tournera autour de 4%, un niveau acceptable selon le gouverneur de BAM.
C'est en prenant en considération tous ces éléments que le conseil de BAM a estimé que l'année 2010 serait terminée avec un taux d'inflation de 1%. « Pour ce qui est des perspectives pour les prochains trimestres, ce taux tournera autour de 2.3 % à fin 2011, mais un peu moins au début de 2012 ».
En revanche, les incertitudes planent notamment sur la campagne céréalières, puisqu'on prévoit une campagne agricole moyenne et sur la facture pétrolière, étant donné que les prévisions du ministère de l'économie te des financent tablent sur un baril à 75 dollars.
Par ailleurs, le gouverneur de Bank Al Maghrib a particulièrement insisté sur les mesures de relance de la petite et moyenne épargne prises en concertation avec le groupement professionnel des banques et le ministère des finances.
A partir du début 2011, des mesures concrètes seront mises en œuvres. «on va notamment enlever les comptes sur carnets de l'assiette de calcul de la réserve monétaire, ce qui veut dire que indirectement nous allons injecter dans le système bancaires entre 3 et 4 milliards de DH puisque les comptes sur carnets ne seront pas soumis désormais à la réserves monétaire » expliqu-t-il De plus, dans le même but, Bank Al-Maghrib a demandé aux banques de permettre l'ouverture de compte à 0 DH, avec possibilité de le refermer au bout de 6 mois s'il n'est pas alimenté sans facturation de frais pour le titulaire.
Parallèlement, BAM poursuit ses concertations avec les banques dans l'objectif de porter le taux de bancarisation à 50% à fin 2010. « Ce sera vraisemblablement chose faite !».
Il s'agit aussi de passer par la suite à un taux de bancarisation des 2/3 de la population d'ici trois ans.
« Les banques avaient jugé cet objectif trop ambitieux, mais nous leur avons demandé de faire un effort pour l'atteindre ».
Education financière
L'éducation financière est un des principaux chantiers auxquels BAM s'attelle. Il s'agit selon Abdellatif Jouahri d'un projet de longue haleine qui nécessitera des années de travail.
Mais déjà Bank Al Maghrib a élaboré une étude de benchmark pour voir ce qui se fait dans les autres pays. Et à l'occasion de la visite de la directrice générale de la banque mondiale au Maroc, il a été convenu de lancer une étude sur l'éducation financière dans le but d'établir une « feuille de route » et d'examiner les moyens les plus à même de renforcer les connaissances de la population en matière des finances et par conséquent favoriser son implication dans le système financiers du pays ( banques, épargnes, …)
A noter que selon une étude de l'OCDE de 2005 dans le cadre du projet sur l'éducation financière, peu de pays ont mené des enquêtes systématiques mais le constat était unanime : il existe partout un déficit de maîtrise des questions financières par les particuliers.
Plus inquiétant encore : non seulement les particuliers ne connaissent ou ne comprennent généralement pas suffisamment le domaine financier, mais ils croient le plus souvent en savoir bien plus que ce n'est le cas.
Source : Le Matin