Quand l’Europe est malmenée par la crise économique, la solution se trouve dans la chasse aux immigrés. Et quand elle est anxieuse du terrorisme, le remède se trouve dans la lutte contre « l’islamisation » du Vieux continent. Tel est le discours de la nouvelle génération des leaders de l’extrême droite européenne. Marine Le Pen, qui vient de succéder à son père à la présidence du Front National (FN) français, en est l’un des porte-voix.
« Nous devons combattre l’islamisme » ! Cet appel est de la toute nouvelle présidente de FN, Marine Le Pen. C’était ce dimanche 16 janvier, face aux militants et cadres de ce parti qui venaient de la porter à sa tête. Le ton est donné, étant donné que cette avocate de formation s’y était préparée depuis un bon bout de temps avec ses déclarations controversées sur la viande Halal ou encore les prières du vendredi dans la rue.
Si la désormais future candidate à la présidentielle avait seulement répété qu’il était « absurde de continuer à faire entrer des centaines de milliers d'étrangers » dans une France qui compte « cinq millions de chômeurs », elle n’aurait fait que repris le discours de son père. Mais en faisant de l’islam sa principale cible à abattre, elle ratisse encore plus large. En plus d’augmenter ses chances de rallier plus de voix, elle rejoint aussi « le club des euro-islamophobes ». Une nouvelle génération de l’extrême droite en Europe, plus jeune et plus décomplexée.
Nouvelle vague islamophobe
Aux Pays-Bas, cette tendance est incarnée par un certain Geert Wilders. L’obsession du chef du PVV néerlandais est également de « combattre l’islamisation du pays ». En plus de se battre pour l’interdiction du Coran, son parti propose également un impôt sur le voile ! En Allemagne, nombreux sont ceux qui croient à la thèse d'un Thilo Sarrazin, que le pays « s’autodétruit » avec l’augmentation croissante des musulmans, comme le prédit Thilo Sarazzin. Certains croient que ce membre du parti socio-démocrate pourrait lancer son propre parti sur ses bases islamophobes.
En Italie, c’est dans la coalition au pouvoir de Silvio Berlusconi même que l’extrême droite se loge. Le parti anti-immigré de la Ligue du Nord en est l’incarnation. Voici ce que déclarait en 2008, un de ses eurodéputés : « Nous, Chevaliers de la Chrétienté, jurons de toujours défendre et de toutes les manières possibles ces lieux [églises] de la profanation et de l’invasion islamique » ! Les Démocrates de Suède (SD) eux, pour faire campagne n’avaient pas trouvé mieux que de faire un clip dans lequel ils montraient des femmes voilées qui profitaient des subventions étatiques, au détriment d’une vielle suédoise.
Populisme et rien d'autre
L’autre trait commun entre ces partis extrémistes, c’est qu’ils enregistrent tous des avancées considérables, surtout dans les sondages. En France, Marine Le Pen bénéficie déjà de 18% d’intentions de vote pour 2012. C’est dire que le discours islamophobe, ça rapporte effectivement gros. Mais il ne faut pas se faire d’illusions, il illustre d’autre part l’absence de programmes concrets de ces formations politiques. Elles arrivent certes à convaincre de larges franges des populations, mais leur capacité à gouverner n’en est pas pour autant garantie. L’extrême droite vit des échecs des sociétés européennes. Malheureusement, ces problèmes ne font qu’augmenter.
18/1/2011, Oumar Baldé
Source : Yabiladi