La femme marocaine installée en Espagne est une immigrée jeune, célibataire, de bonne santé et provient du Nord du Maroc. Il s’agit aussi d’une femme qui vit dans les mêmes conditions que les immigrées d’autres collectifs pour être à la fois étrangère, mère et travaillant dans des conditions précaires.
Ce profil est constitué à partir des résultats d’une étude, qui vient d’être publiée à Madrid par le sociologue Mohamed Boundi et le philologue et président de l’Association de Solidarité pour l’Intégration sociale de l’Immigré (SISI), Hassan Arabi.
Financée par le gouvernement régional de la Communauté Autonome de Madrid (6.445.499 habitants), réalisée entre mai et octobre 2010 et éditée par la maison Diwan, l’étude se base sur une enquête sociologique qui a concerné les femmes marocaines du centre de Madrid.
C’est la première du genre qui embrasse les aspects de l’intégration de la femme marocaine aux plans culturel, social et professionnel pour s’occuper de ses préoccupations et inquiétudes dans la société d’accueil. A la différence de la plupart des travaux de recherche faits par des anthropologues espagnols, cet essai sociologique retrace les étapes du projet migratoire de la Marocaine, les conditions dans lesquelles elle arrive en Espagne, et, repasse l’ensemble de l’arsenal de textes législatifs régissant les relations en matière de protection réciproque de la main d’œuvre, les processus d’engagement et de sélection des travailleurs saisonniers et de l’actualisation des accords et conventions en vigueur entre le Maroc et l’Espagne depuis 1956.
Contrairement à certains préjugés véhiculés dans les médias locaux sur l’image qui se fait des Marocains en Espagne, l’étude démontre que, malgré la proximité géographique de son pays d’origine, l’immigrée marocaine s’efforce à s’intégrer dans la société d’accueil à travers l’apprentissage de la langue espagnole, la participation aux activités sociales et la convivialité par l’adaptation aux coutumes et usages des autochtones.
Bien que l’enquête concerne la population de la Madrid-capitale, la quasi-totalité des femmes interviewées se caractérisent par la présence d’une forte proportion de jeunes dans la pyramide démographique de l’Espagne du fait que la quasi-totalité se situe dans la tranche d’âge de 30-39 ans, soit 45% du total de l’échantillon.
Cette donnée démontre que la main-d’œuvre marocaine féminine est à la fois jeune et préparée physiquement pour exercer toute sorte d’occupations. C’est aussi une tanche d’âge idéale pour la procréation dans un pays qui souffre de la baisse du taux de natalité. La même observation est aussi valable dans l’analyse de la tranche d’âge de moins de 30 ans qui représente 35% des femmes marocaines. Dans cette catégorie, sont recensées les étudiantes, les filles d’immigrées ou les Marocaines récemment mariées ou venues en Espagne par le biais du regroupement familial. Il est significatif de signaler que la proportion des Marocaines de 20 à 39 ans est similaire à celle des latino-américaines en Espagne. Le collectif féminin marocain à Madrid, objet de l’étude, se distingue par sa jeunesse au moment où la population aussi bien au Maroc qu’en Espagne connaît un processus de vieillissement. Selon le profil régional de ces femmes, 46% parmi elles proviennent du nord du Maroc, 35% du centre et 19% du sud.
Dans l’analyse de son statut civil, l’étude révèle que la Marocaine à Madrid préfère vivre indépendante de manière que 58% des femmes interviewées sont célibataires, divorcées, séparées ou veuves. Dans ces conditions, elles assurent être mieux préparées pour affronter seules les dures conditions et exigences du marché du travail sans se soumettre à la discipline de la vie en couple.
24/1/2011, Mohamed Boundi
Source : Al Bayane