samedi 23 novembre 2024 12:07

L'Islam sera un thème de l'élection en 2012

Ce sera une première. Sans doute, pendant la campagne de 2012, entendra-t-on davantage parler de l'islam que d'immigration. Plusieurs enquêtes ont montré un raidissement spectaculaire de l'opinion. A l'automne, l'Ifop révèle que, pour 76 % des classes moyennes, "l'islam progresse trop en France". Le sondage choc publié par Le Monde du 5 janvier confirme : 42 % des Français estiment que "la présence d'une communauté musulmane en France constitue une menace pour le pays". Le premier mot qui correspond le mieux à l'idée que les sondés se font de cette religion: "le rejet des valeurs occidentales", puis "le fanatisme". En vingt ans, le pourcentage de Français opposés au port du voile dans la rue progresse de 28 points. Une crispation qui n'épargne pas les citoyens de gauche : ces derniers sont, par exemple, 39 % à juger "trop importantes" l'influence et la visibilité de l'islam en France.

Un autre signe montre la prégnance de ce thème. Actuellement perçu comme peu convaincant, lors de ses interventions télévisées, par ses concitoyens, Nicolas Sarkozy recueille une forte approbation, le 16 novembre, quand il se prononce pour "des lieux de culte pour les musulmans", mais contre "des minarets" et, le 31 décembre, lorsqu'il martèle que la loi interdisant la burqa serait "appliquée dans l'esprit comme dans la lettre".

Le sentiment de "ne plus se sentir chez soi"

Alors que le président du Conseil des démocrates musulmans de France, Abderrahmane Dahmane, rejoint l'Elysée comme conseiller, ainsi que l'a révélé Le Figaro le 22 janvier, le chef de l'Etat s'emparera prochainement de la question des prières des musulmans dans la rue. "Le débat sur l'identité nationale a été raté, mais un peuple a besoin d'une identité, avec ses valeurs fondamentales, explique Claude Guéant. Dans cette méfiance à l'égard de l'islam, il y a cette quête." Le secrétaire général de la présidence a été interpellé, encore récemment, par un député sur les difficultés posées par le développement des restaurants proposant de la viande halal.

Le ministre Bruno Le Maire, chargé du projet au sein de l'UMP, a, lui aussi, été frappé par les remarques entendues lors de ses vacances de fin d'année au Pays basque - du sentiment de "ne plus se sentir chez soi" à l'inquiétude qu'inspire le sort des chrétiens d'Orient. A la demande du chef de l'Etat, il fera de la place de l'islam en France l'un de ses axes majeurs de réflexion.

Une forme de malaise du PS sur le sujet

Les responsables de l'UMP veulent d'autant plus se saisir du sujet qu'ils sentent une forme de malaise à gauche. Le PS n'avait pas su adopter une attitude lisible lors du vote de la loi sur la burqa, au grand dam d'un Manuel Valls, l'un des rares socialistes à se montrer en pointe sur le terrain de la laïcité. "L'islam renouvelle la problématique classique sur l'immigration, qui reste l'un des angles morts de notre pensée", reconnaît le socialiste Alain Bergounioux.

Marine Le Pen (que 54 % des sympathisants UMP, mais aussi 18 % des sondés proches de la gauche avaient soutenue dans son parallèle entre les "prières de rue" des musulmans et l'Occupation) n'a pas ces complexes. A Tours, le 16 janvier, pour son premier discours comme présidente du FN, elle a été particulièrement applaudie quand elle a dénoncé des "interdits religieux alimentaires". Passant l'immigration sous silence, elle s'est contentée d'insister sur des "traditions", des "modes de vie", des "coutumes".

Source : L’Expresse.fr

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