Organisés jeudi dernier à Casablanca, les premiers Entretiens du Club France Maroc se sont intéressés à la contribution des diplômés marocains de l’enseignement supérieur français au développement économique du Maroc. Le bilan est mitigé…
Retourner au Maroc ou rester en France ? La question est dans la tête de tous les Marocains qui ont quitté leur pays pour poursuivre leurs études supérieures ou renforcer une expérience professionnelle en «Hexagonie». La peur de l’échec se mêle alors à l’envie de rentrer. C’est sur la base de cet intérêt partagé par l’ensemble de la diaspora marocaine que le Club Maroc France a ouvert ses premiers Entretiens, jeudi dernier à Casablanca. A l’ordre du jour, «La contribution des diplômés marocains de l’enseignement supérieur français au développement économique du Maroc». Le constat est clair : les candidats au retour ne le rêvent pas, ils le préparent !
Dans un premier temps, un état des lieux s’impose. Elisabeth Gay, du service de coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France au Maroc, révèle dans ce sens la tendance de la mobilité étudiante des Marocains de France, pays qui demeure, jusqu’à aujourd’hui, la destination préférée de nos étudiants, qui sont 65% à être séduits par un séjour dans l’Hexagone. Le Maroc est ainsi le premier pays d’origine des étudiants étrangers en France.
Leur donner des raisons de revenir
Seulement, au fil des ans, cette population a connu une mutation. «On a remarqué que non seulement la mobilité des étudiants et professionnels marocains s’accroît, mais aussi qu’ils quittent le Maroc plus tard (pas directement après le baccalauréat), et avec un diplôme en poche». Ce qui les rend plus intéressants aux yeux d’une France prônant l’immigration choisie. Résultat des courses, le taux de délivrance des visas long séjour pour études a atteint 88 % en 2010, ce qui correspond à une hausse de 20% comparé à 2009 ! Mais une fois le CV bétonné, l’idée et l’envie de retourner au Maroc se font de plus en plus ressentir.
On revient pour la famille
L’Association Maroc Entrepreneurs, qui a réalisé une étude sur les ambitions de cette population (datant de 2006), définit les principales raisons qui poussent les diplômés marocains à rentrer au pays. Curieusement, ce sont les raisons personnelles qui dament le pion aux raisons professionnelles. Autrement dit, les étudiants reviennent plus pour leur famille et la qualité de vie qu’offre le Maroc, pays où douceur du climat et chaleur humaine se côtoient intimement, que pour les conditions professionnelles. Le milieu professionnel a d’ailleurs été qualifié de «peu épanouissant» par la majorité des personnes interrogées dans le cadre de l’étude.
Ainsi, si au départ, «les salaires demandés sont importants, supérieurs à 40.000 DH pour 12% des inscrits», comme dévoilé par Philippe Montant, directeur général du site de recrutement ReKrute, les candidats au retour sont prêts à fermer les yeux et à diminuer leurs prétentions au bénéfice d’un meilleur mode de vie. Et les chiffres sur la création d’emplois démontrent qu’ils font bien de diminuer leurs exigences. Le président de l’Observatoire national du développement humain (ONDH), Rachid Benmokhtar, parle en effet «d’un déficit de 400.000 emplois par an au Maroc. Or en 2009, seuls 130.000 emplois ont été créés». Le fossé est donc énorme !
L’un des moyens proposés pour combler ce déficit, miser sur les régions. «Il faut attirer les jeunes vers les régions. Faire preuve de créativité pour créer des possibilités et attirer les compétences», conseille Rachid Benmokhtar. Objectif, répondre à un besoin grandissant des «exilés estudiantins». Car pour ces jeunes, et comme l’a remarqué Bruno Joubert, ambassadeur de France au Maroc, «si l’envie de France perdure, l’envie du retour s’accroît».
Un trait d’union entre la France et le Maroc
Le Club France Maroc s’est ouvert en mars 2010. Initiative conjointe de l’ambassade de France au Maroc et de la Chambre française de commerce et d’industrie, c’est un réseau numérique qui met en contact l’ensemble des étudiants et diplômés marocains de l’enseignement supérieur français. Le site du Club est ainsi une plateforme mise à la disposition des entreprises marocaines pour faire connaître leurs besoins, et d’accéder directement aux profils de candidats potentiels.
7/2/2011, Selma Tannouche Bennani
Source : Le Soir Echos