Plusieurs activités importantes ont marqué le premier week-end de la 17ème édition du Salon international du livre et de l’édition. Un hommage a été rendu à l’occasion à Gema Martin Munoz, directrice de la Casa Arabe de Madrid. De même, le ministre de la culture français, Fréderic Mitterrand accompagné de son homologue Bensalem Himmich, ont animé un débat sur le thème de la culture et les nouvelles technologies de l’information. Le penseur français Edgar Morin a de son côté exposé sa vision du rôle de l’intelectuel.
Un hommage a été rendu, vendredi soir à Casablanca, à la directrice de la Casa Arabe de Madrid, Gema Martin Munoz, dans le cadre de la 17ème édition du Salon international de l’édition et du livre (SIEL).
Les intervenants lors de cette cérémonie, dont Driss El Yazami, président du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger, et Mohamed Larbi Messari, écrivain et journaliste, ont souligné la qualité des recherches du professeur Gema en matière de sociologie du monde arabe et islamique, précisant qu’elle a largement contribué à une meilleure connaissance de l’Autre dans l’espace méditerranéen. Le conflit israélo-palestinien et la problématique de l’édification de l’Etat moderne dans le monde arabe ont particulièrement bénéficié d’un large intérêt de la part de cette sociologue, dont la rigueur scientifique a été mise en relief par les intervenants lors de cette rencontre. Elle a également contribué, selon les témoignages apportés par les participants, à faire connaître la littérature arabe moderne et à une plus large diffusion des écrits de penseurs arabes. Gema Martin Munoz a écrit de nombreux articles et essais spécialisés sur le monde arabe et sur l’Islam. Elle est l’auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels “Irak, un fracaso de Occidente”, “El Estado Arabe”, “Crisis de legitimidad y contestacion islamita”, “Islam, Modernism and the West” et “Femmes musulmanes en Espagne. Le cas de l’immigration.
Edgar Morin : Quel rôle de l’Intellectuel ? Le penseur français Edgar Morin a de son côté animé, vendredi, une conférence dans laquelle il a développé sa vision de l’intellectuel, qui «à, un moment donné décide, de poser sur la place publique les problèmes fondamentaux du monde «.
L’intellectuel, qui peut être «un écrivain, un poète ou parfois un scientifique, joue un rôle irremplaçable, car nous sommes soumis aujourd’hui à des technocrates et des experts qui ne voient pas les choses dans leur globalité et complexité», a souligné Edgar Morin lors d’une conférence inaugurale du 17ème Salon international de l’édition et du livre (SIEL).
Pour lui, l’intellectuel se doit de s’intéresser aux grands problèmes de la société dans laquelle il vit en affrontant et en dépassant les contradictions. Et de rappeler à cet égard l’exemple de certains penseurs français comme Voltaire, Jean Paul Sartre, Albert Camus qui se sont élevés notamment contre l’injustice et autres maux sociaux. Le rôle de l’intellectuel aujourd’huidans « nos sociétés reste important «, a-t-il insisté tout en reconnaissant que des penseurs s’étaient trompés et que bien des idées politiques se sont avérées incorrectes, notamment les idéologies qui n’ont pas vu la complexité de l’être humain. Car, estime Edgar Morin, dans l’être humain il y a « la raison «, mais aussi « le délire et la folie». Pour ce qui est de la mondialisation, le penseur français a affirmé que celle-ci a commencé au 15ème siècle avec les grandes découvertes puis l’ère coloniale, post-coloniale et puis s’est accélérée avec l’effondrement des pays de l’Est vers la fin du siècle dernier.
Toutefois, a-t-il poursuivi, la mondialisation a pris le visage de l‘occidentalisation et du modèle de développement occidental. Pour Edgar Morin, la «mondialisation occidentalisation « ne peut constituer un substitut à la culture locale, relevant que tout Etat se doit de veiller à prendre de l’occident ce qui est bénéfique à sa population mais préserver ce qui est positif dans sa propre culture comme les valeurs de solidarité au moment où l’occidentalisation développe l’individualisme. Edgar Morin, qui a relevé la richesse culturelle du Maroc et l’esprit de solidarité au sein de la société marocaine, s’est ainsi félicité que le Maroc a adopté une démarche de « développement humain « plaçant l’être humain au centre de ses préoccupations.
Le ministre français de la culture et de la communication, Fréderic Mitterrand, a visité, samedi à Casablanca, le SIEL et animé en compagnie de M. Bensalem Himmich, ministre de la culture, une conférence-débat sur la culture et les nouvelles technologies de l’information.
Source : Al Bayane