Catherine Ashton veut-elle faire oublier l’inexistence de l’Europe depuis le début des révolutions arabes ? La «ministre des Affaires étrangères» de l’Union était hier à Tunis (photo) pour annoncer une aide européenne sonnante et trébuchante (17 millions d’euros immédiatement, 258 millions jusqu’en 2013), et elle sera mardi, au Caire, le premier responsable étranger à effectuer un voyage dans ce pays depuis la chute du raïs. Le Liban, Israël, les Territoires occupés, ou encore la Jordanie auront aussi droit à sa visite.
Un activisme tardif, l’Union s’étant jusque-là contentée de prendre acte de la chute des dictatures «amies», incapable de prendre la moindre initiative. Pourtant, l’Europe considère les pays du pourtour méditerranéen comme son arrière-cour, le lieu privilégié de l’exercice de sa toute nouvelle politique étrangère commune. C’est raté, pour l’instant. La baronne Ashton, qui dispose pourtant d’un service diplomatique enfin constitué, n’a pas osé agir seule, de peur de déplaire aux Etats membres. Par exemple, elle aurait pu désigner un envoyé spécial en Tunisie ou en Egypte afin de peser sur le cours des événements. Encore eût-il fallu que les Vingt-Sept soient d’accord sur ce qu’il convenait de faire. Or l’indécision d’Ashton est l’exact reflet des indécisions nationales, à l’image d’une Michèle Alliot-Marie perpétuellement à contretemps.
«Ashton a fait le choix d’être la secrétaire générale des Vingt-Sept, regrette Daniel Cohn-Bendit, le coprésident du groupe des Verts au Parlement européen, l’une des voix les plus critiques envers les ratés de l’Union. La politique étrangère européenne ne peut être la somme des diplomaties nationales, sinon c’est le plus petit dénominateur commun.» Mais les Etats, surtout les grands, ne veulent pas accorder la moindre autonomie à Lady Ashton, comme s’en est plaint, mardi, José Manuel Durão Barroso, le président de la Commission, devant les eurodéputés.
Le Parlement européen n’est pas plus brillant que les Etats membres : «Face à ce tsunami démocratique, équivalent à la chute du mur de Berlin, le Parlement est resté sans voix», souligne Cohn-Bendit. Ainsi, les socialistes européens ont joint leurs voix à celles de la droite du PPE pour bloquer, le 18 janvier, le vote d’une résolution sur la Tunisie en attendant que la situation se stabilise…
Seule la peur de la pression migratoire, incarnée par l’arrivée de 5 000 boat people tunisiens sur les côtes italiennes, semble sortir les Européens de leur apathie. Hier, Cecilia Malmström, commissaire aux Affaires intérieures, est venue expliquer aux députés réunis à Strasbourg que l’Union allait mobiliser ses moyens pour aider l’Italie afin d’empêcher les migrants d’arriver en masse en Europe. «En fait, l’absence d’enthousiasme de l’Union face aux révolutions arabes se comprend, car toute sa politique d’immigration s’appuie sur la collaboration des dictatures du sud de la Méditerranée», dénonce l’Allemande Franziska Brantner, eurodéputée verte. Si elles s’effondrent, ce sera une catastrophe pour l’Europe.» Ainsi, le Parlement européen a donné son feu vert, le mois dernier, à la négociation d’un accord d’association avec la Libye du colonel Kadhafi en échange de sa collaboration dans la lutte contre l’immigration clandestine. Un pays qui vient à son tour d’entrer en ébullition.
17/02/2011, JEAN QUATREMER
Source : Libération
Canada : Les conservateurs proposent un nouveau profil d'immigrants
Le ministre fédéral de l'Immigration, Jason Kenney, propose d'adopter un nouveau système de pointage pour modifier les critères d'accueil des immigrants au Canada.
Le plan proposé prévoit cibler de nouveaux arrivants jeunes, parfois moins éduqués, mais qui maîtrisent mieux l'anglais et le français.
Le ministre souhaite réorganiser le système de points que le gouvernement utilise actuellement pour déterminer quels travailleurs qualifiés étrangers pourront entrer au pays en favorisant les immigrants qui ont le plus de chances de réussir financièrement.
Les nouveaux arrivants qui auront déjà reçu une offre d'emploi au Canada seraient favorisés en vertu de ce nouveau système.
Les immigrants plus jeunes auraient aussi de meilleures chances de dénicher un emploi en arrivant au pays. Un postulant âgé de moins de 35 ans obtiendrait 12 points, et un candidat de 49 ans n'en obtiendrait aucun.
Maîtrise des langues officielles
Selon la professeure en politique publiques de l'Université Queen's, Naomi Alboim, un système qui met de l'avant le critère de la langue est une bonne idée. « Je pense qu'il n'y a aucun doute à l'effet que la langue est le plus important facteur de succès. Le fait que le système de pointage prenne en compte cet aspect est positif. »
Le Canada accorde déjà depuis quelques années plus d'importance à la question de la langue, et cela a pour effet que certains pays sont d'avantage représentés que d'autres lors du processus de sélection, estime le professeur de l'Université de Waterloo, Mikal Skuterud, qui étudie les phénomènes migratoires. Ainsi, le nombre d'immigrant provenant de la Chine et du Pakistan a chuté alors que les représentants de la Grande-Bretagne, des États-Unis et de la France sont plus nombreux.
Le gouvernement espère faire adopter son nouveau plan d'ici la fin de l'année et souhaite tenir des consultations publiques en mars pour discuter de ses nouvelles cibles.
17/2/2011
Source : Radio-Canada