Le gouvernement espagnol est en passe de durcir les règles sur le regroupement familial. Désormais, tout étranger désireux de faire venir des membres de sa famille devra non seulement avoir un salaire qui dépasse les 800 euros, mais aussi justifier que ce salaire lui sera versé pendant au moins un an. Les Marocains, plus nombreux à demander le regroupement familial parmi les immigrés en Espagne, risquent d’être les premières victimes de cette règle.
Si jusqu'à présent, des « moyens de subsistance suffisants » pour les personnes rejoignant le demandeur étaient demandés, un montant exact a été proposé dans un nouveau projet de règlement : 799 euros par mois. Cette somme représente 150% de l'IPREM (Indicador Público de Renta de Efectos Múltiples), l'indice à base duquel se calculent les aides sociales en Espagne. Selon Europa Press, le projet de règlement venu complétér la loi des étrangers prévoyait initialement un taux de 175% de l'IPREM (soit 931 euros par mois), mais après consultations avec patrons et partenaires sociaux, il aurait été rabaissé.
Le salaire scruté sur 6 mois avant et 12 mois après la demande
La personne voulant accueillir des personnes de sa famille devra remplir davantage de conditions. Actuellement, cette personne doit avoir résidé légalement en Espagne depuis au moins un an et avoir une carte de séjour valable une année au moment de la demande. A en croire le nouveau projet de règlement, il sera également pris en considération « le maintien d'une source de revenus dans l'année suivant la demande de regroupement ». « Seront refusées les demandes dans lesquelles se détermine de manière indubitable qu'il n'y a pas de perspective de maintien des revenus dans l'année suivant la demande », explique le texte parvenu à Europa Press.
Ce texte préciserait également que dans le traitement d'une demande « sera considérée l'évolution des moyens du regroupant (l’immigré, ndlr) dans les 6 mois précédant la demande ». Un salaire stable devient ainsi condition sine qua non d'un regroupement familial.
Les Marocains, premières victimes de ces mesures restrictives
Les Marocains résidant en Espagne, qui représentent la deuxième communauté étrangère après les ressortissants roumains, et la plus grande minorité extra-européenne, seront les premiers à être touchés par ces restrictions. Selon les statistiques de l'Observatoire permanent de l'immigration, affilié au ministère espagnol du Travail et de l'Immigration, les Marocains sont les plus nombreux à se voir attribuer des visas pour regroupement familial en Espagne. En 2009, 20 275 sur 69 188 visas attribués dans ce cadre revenaient à des Marocains, soit 29% du total. Les Colombiens avec 9591 et les Péruviens avec 6048 visas attribués dans le cadre du regroupement familial, arrivaient loin derrière.
Plusieurs acteurs associatifs ont critiqué ces nouvelles mesures et le projet de règlement dans son ensemble, malgré les consultations larges qui se sont faites au préalable. Ainsi, le Forum galicien d'immigration a dénoncé le « caractère restrictif du projet de règlement », selon le site d'information RedInmigrante.es. Le projet reconnaitrait les étrangers résidant en Espagne comme force de travail sans reconnaître leurs droits fondamentaux.
1/3/2011, Frederic Schmachtel
Source : Yabiladi