samedi 23 novembre 2024 14:15

Immigration: Marine Le Pen, la rechute ?

Invitée mardi 1er mars de Jean-Michel Aphatie, Marine Le Pen a réitéré son souhait de repousser dans les eaux internationales les migrants venus des pays arabes. Intronisée mi-janvier, la présidente frontiste aura donc mis moins de 2 mois avant de renouer avec un discours anti-immigration digne du FN des années 80.

Depuis que Le Pen fille a repris le Front national des mains de Le Pen père, elle s’échine à recouvrir le parti d’extrême-droite d’un voile de blancheur prétendument républicaine. En inaugurant son mandat le 16 janvier à Tours par une ode à l’Etat « composante essentielle de l'âme de la France »,  Marine Le Pen espère sans doute se draper dans des atours un peu plus décents pour la présidente d’un parti crédité par les derniers sondages de 19 à 20% d’intentions de votes.

La capacité de Marine Le Pen à se démarquer de son paternel vient pourtant de connaître un coup d’arrêt lors de sa visite au salon de l’agriculture le vendredi 25 février. Interrogée sur les flux migratoires liés aux révoltes dans le monde arabe, la candidate FN a déclaré : « L’union européenne est totalement impuissante à nous protéger, il faut passer un accord bilatéral avec l’Espagne et l'Italie pour permettre à nos marines de préserver nos eaux territoriales et repousser dans les eaux internationales les migrants qui voudraient entrer en Europe. » Marine Le Pen amorce-t-elle un virage républicain ? La question était sur toutes les lèvres au lendemain du congrès de Tours. Avec cette sortie, la voilà qui opère une incontestable régression en renouant avec les vieilles lunes du Front des années Jean-Marie. Attendue sur l’immigration, thème de prédilection et fonds de commerce du FN, la présidente a plongé tête la première dans le débat, sans même se donner la peine de distinguer l’immigration traditionnelle des flux migratoires exceptionnels dus à des crises politiques majeures.

Invitée ce mardi 1er mars de RTL, la nouvelle présidente du Front enfonce le clou : « On peut parfaitement repousser des bateaux dans les eaux internationales humainement ». Malgré les protestations de Jean-Michel Aphatie, elle ajoute : « Je crois qu’on va dire que je suis la seule à avoir le courage de prendre les décisions nécessaires pour sauvegarder l’intérêt de la France et des Français. Il n’y a rien de plus facile que de faire du compassionnel mais y a toujours quelqu’un qui paye le prix et ce sont les Français qui le payent. »

En l'écoutant ce matin sur RTL, Bruno Gollnisch a dû sourire devant sa glace : si Marine Le Pen retombe dans une rhétorique anti-immigrés façon années 1980, c'est peut-être que son positionnement demeure incompris dans les tréfonds du Front national, et qu'elle entend rectifier le tir.

1 Mars 2011, Laureline Dupont

Source : Marianne

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