Alors que la poussée de Marine Le Pen n'en finit plus d'affoler la classe politique et de questionner la stratégie de Nicolas Sarkozy d'aller sur le terrain de l'extrême droite, une députée UMP s'est assurée de créer la polémique. Chantal Brunel, parlementaire de Seine-et-Marne et ancienne porte-parole de l'UMP, a proposé, mardi, dans les couloirs de l'Assemblée, sa solution pour contrer Marine Le Pen : "Rassurer les Français sur toutes les migrations de populations qui viendraient de la Méditerranée. Après tout, remettons-les dans les bateaux !"
Après la vive polémique qu'ont suscitée ses propos, Chantal Brunel s'est expliquée au Nouvel Obs.com. "Il y a eu un raccourci. Ce que j'ai dit était une réponse à une question de journalistes sur les deux sondages du Parisien mesurant une poussée de Marine Le Pen. Sur l'immigration, je reconnais ce que j'ai dit, mais je regrette qu'on ne puisse plus parler de 'bateau' parce que Mme Le Pen l'avait fait", déclare-t-elle au site de l'hebdomadaire.
"Je dis que nous n'avons pas à accueillir massivement des étrangers dans notre pays car les Français sont inquiets pour le maintien de notre protection sociale, qui est l'une des meilleures du monde. Il faut appliquer rapidement les procédures : commencer par placer les immigrés dans des centres de rétention puis, dans le cadre européen, affréter des bateaux et débloquer des crédits pour leur retour au pays", précise-t-elle.
La proposition de Chantal Brunel ressemblait à s'y méprendre à ce qu'avait proposé Marine Le Pen pour faire face à une éventuelle vague migratoire provoquée par le Printemps arabe. La présidente du FN estimait qu'il fallait "humainement (...) repousser les bateaux d'immigrés dans les eaux internationales".
Elle traduit sans doute l'affolement qui gagne l'UMP, alors que Nicolas Sarkozy continue d'être au plus bas dans les sondages, tandis que Marine Le Pen décolle. Chantal Brunel a d'ailleurs ajouté, après sa sortie : "Le temps n'est plus à la parole, mais aux actes et aux décisions. Marine Le Pen n'a aucune solution à proposer. Nous, on doit montrer qu'on a des solutions. On doit assurer la sécurité en France et rassurer les Français."
INDIGNATION DE L'OPPOSITION
Mardi, ces propos n'ont pas manqué de susciter l'indignation de l'opposition. "Chantal Brunel est-elle passée de porte-parole de l'UMP à porte-parole du Front national ?", s'est interrogé Harlem Désir, numéro deux du Parti socialiste. "Cet énième dérapage d'une responsable UMP montre le danger de la surenchère permanente entre la droite et l'extrême droite", selon l'eurodéputé.
Au MoDem, on estime que ces "paroles d'exclusion et de rejet à l'emporte-pièce" ne sont "pas à la hauteur des solutions qu'il nous faut apporter avec les pays d'origine, pour résoudre ces exodes de guerre". Pour le numéro un du PCF, Pierre Laurent, "cette sortie atroce de la part de la députée UMP donne envie de vomir". "L'affolement gagne les rangs de l'UMP" et "ces propos racistes doivent être condamnés au plus vite" par M. Copé, poursuit-il. Au NPA également, on a condamné "les propos racistes" d'une députée "sur les traces de Marine Le Pen".
Jean-François Copé, le patron de l'UMP, a déclaré de son côté mardi soir qu'il "désapprouvait" les propos de la députée. "Bien entendu, je les désapprouve et à vrai dire, je ne les comprends pas du tout", a-t-il expliqué. "Il peut arriver que de temps en temps on dise des choses qui soient en décalage avec ce que l'on pense profondément. Et je pense que cela peut-être le cas de Chantal", a ajouté M. Copé, sans autre commentaire.
8/3/2011
Source : Le Monde avec AFP