samedi 23 novembre 2024 14:18

À l'UMP, le ton monte entre l'aile droite et les centristes

Le projet de loi sur l'immigration oppose les centristes et la Droite populaire au sein de la majorité présidentielle.

Après la défaite, la victoire? Les quarante-quatre députés UMP, membres du collectif de la Droite populaire, se sont félicités jeudi que le gouvernement ait enfin accepté, en deuxième lecture du projet de loi sur l'immigration, de mettre fin à l'acquisition automatique de la nationalité française pour tous les étrangers nés sur le territoire national. Désormais, les 3000 jeunes majeurs concernés devront écrire une lettre manuscrite de «demande de certification de nationalité». Ce que l'ancien ministre de l'Immigration, Éric Besson, avait refusé aux élus UMP en première lecture. La naturalisation des étrangers sera en outre conditionnée à l'obtention d'un examen de connaissances, dont les modalités seront fixées par décret en Conseil d'État.

Donnant-donnant

Une sorte de donnant-donnant, car les députés appartenant à l'aile droite du groupe UMP ont été meurtris que le gouvernement accepte de retirer, mardi, l'une des mesures phares du texte concernant l'extension de la déchéance de nationalité pour les assassins de policiers. Et ce, sous la pression de 68 députés centristes, radicaux et Nouveau Centre, emmenés par Jean-Louis Borloo, le président du Parti radical, et Pierre Méhaignerie, le leader des centristes de l'UMP à l'Assemblée. On a assisté à «un putsch silencieux qui ne dit pas son nom. La mobilisation autour de la déchéance de nationalité est un faux nez pour préparer la candidature de Borloo en 2012», affirme Lionnel Luca (Alpes-Maritimes), qui parle d'un «mardi noir pour la majorité présidentielle». Philippe Meunier (Rhône), juge «inacceptable et intolérable» que la suppression de cette mesure phare du projet sur l'immigration «n'ait pas été discutée en réunion du groupe UMP». L'élu du Rhône refuse «la politique du couteau sous la gorge». Cela dit, les députés membres de la Droite populaire ont préféré quitter l'hémicycle, mercredi soir, pour ne pas prendre part au vote sur l'amendement Goasguen de suppression de l'extension de la déchéance, pour ne pas «contrer le gouvernement».

Tous sauf un: Christian Vanneste, qui a voté contre. «Au sein du groupe UMP, l'ancienne fracture idéologique RPR-UDF s'est reconstituée», déplore le député du Nord, qui considère que «les liens au sein du groupe UMP vont se distendre à l'approche de l'élection présidentielle». Proche de Jean-François Copé, Bernard Reynès, lui aussi membre de la «Droite pop», s'inquiète d'«une volonté forte des centristes d'exister». Le député des Bouches-du-Rhône, qui a été chargé par Matignon d'une mission sur le coût du travail dans le monde agricole, n'a pas apprécié que le groupe Nouveau Centre dépose une proposition de loi sur le même sujet…

Émulation ou rivalité? Le radical Jean Leonetti (Alpes-Maritimes) défend «la liberté de langage» et «la diversité» au sein du groupe UMP, sinon «un jour la diversité s'exprimera au FN ou chez François Bayrou». Jean-Louis Borloo se veut zen. «Notre mouvance s'organise tranquillement. Je ne crois pas que la droite populaire présentera un projet alternatif. Nous, on va le faire, pour répondre au cri d'angoisse des Français, explique l'ancien numéro deux du gouvernement. On n'est donc pas du tout sur les mêmes enjeux.»

11/3/2011

Source : Le Figaro

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