En déplacement sur l’île italienne de Lampedusa, dimanche 13 mars, la candidate du FN devait de nouveau développer ses idées en matière d’immigration. Passage en revue
Selon Marine Le Pen, les vrais chiffres de l’immigration seraient « cachés ». Samedi, la présidente du Front national a rendu publique une série de chiffres qui, dit-elle, mettent en lumière une « extraordinaire poussée de l’immigration légale ». 23 504 titres de séjour auraient ainsi été délivrés en janvier 2011, soit 42,1 % de plus qu’en janvier 2010. La demande d’asile, elle, aurait augmenté de 17,4 % pour atteindre le même mois 3 899 requêtes, et les naturalisations auraient grimpé de 19,4 %, soit 13 337 personnes devenues françaises.
Des chiffres immédiatement contestés par le ministère de l’intérieur, pour lequel ces données « ne reflètent pas une tendance et donnent une fausse impression de la réalité ». Pour les autorités, les comparaisons mois par mois n’ont pas de sens concernant les naturalisations, « dépendantes des dates très variables de publication des décrets».
Concernant l’asile, les demandes enregistrées n’auraient augmenté que de 2 % en janvier et février par rapport aux deux premiers mois de l’année précédente. Pour le nombre de titres de séjour délivrés, le ministère affirme ne pas encore avoir de statistiques consolidées.
Les étrangers apportent plus de 45 milliards d’euros par an
Deuxième angle d’attaque du FN : pour le parti d’extrême droite, plus de 30 milliards d’euros pourraient être économisés en limitant les droits des étrangers. Il propose ainsi de supprimer les « pompes aspirantes » en réservant les aides sociales aux seuls Français, pour une réduction de dépenses estimée à 18,5 milliards d’euros.
Un raisonnement tronqué, puisqu’il ne prend pas en compte les recettes que les immigrés reversent à l’État. L’association des contribuables associés a calculé que les étrangers apportaient plus de 45 milliards d’euros de recettes par an. En mai 2009, le conseil d’analyse économique a, lui, remis à Éric Besson un rapport qui montrait que si l’immigration n’est pas créatrice de richesses pour l’État, elle profite largement aux employeurs, qui peuvent avoir recours dans certains secteurs à une main-d’œuvre moins chère.
L’immigration peut équilibrer le système de protection sociale
Dans son programme, le FN s’est engagé à diviser par vingt le nombre de titres de long séjour délivrés chaque année – actuellement, il y en a plus de 180 000. Là encore, l’idée n’est pas forcément pertinente. Car l’État, outre la préservation de sa tradition d’accueil, a un intérêt économique à poursuivre sa politique d’intégration d’un grand nombre d’étrangers.
Des chercheurs de la chaire « Transitions démographiques - transitions économiques » de Paris Dauphine ont récemment calculé que l’immigration pouvait considérablement participer à l’équilibre du système de protection sociale, dont la charge va inexorablement grimper avec le vieillissement de la population.
Ces experts ont travaillé sur l’hypothèse d’un arrêt total et immédiat de l’immigration : la France devrait alors trouver l’équivalent de 4,3 % de son PIB d’ici à 2050 pour équilibrer ses comptes, contre 1,7 % si notre pays continue à accueillir un flux constant de 100 000 immigrés par an.
15/3/2011, Jean-Baptiste FRANÇOIS
Source : La Croix