La semaine dernière, Horst Seehofer, le leader de la CSU bavaroise (le parti associé aux chrétiens-démocrates d'Angela Merkel), a relancé le projet d'un amendement constitutionnel qui viserait à obliger les immigrés à apprendre l'allemand. Du moins jusqu'à un certain niveau.
Selon le magazine « Spiegel », la relance de ce débat intervient après la démission du ministère de la Défense de la star de la CDU, Karl Theodor zu Guttenberg, accusé de plagiat pour sa thèse de doctorat. Pour nombre d'opposants, l'intention de Seehofer est de remettre de l'huile sur le feu. Déjà le nouveau ministre de l'Intérieur, Hans-Peter Friedrich (CSU), avait préparé le terrain en déclarant que « rien dans l'histoire ne démontre que l'islam appartient à l'Allemagne ». Une façon pour lui de répondre au président Christian Wullff, qui avait affirmé le contraire en octobre dernier.
Selon l'hebdomadaire, la question de l'intégration revient fréquemment en Allemagne à l'approche d'élections. Cette année doivent se tenir des élections parlementaires dans 7 des 16 Etats fédérés et la prochaine a lieu le 20 mars en Saxe-Anhalt, suivie une semaine plus tard par le Bade-Wurtemberg et la Rhénanie-Palatinat. Pour « Der Spiegel », le camp des conservateurs est bien décidé à regagner le terrain perdu après sa défaite en février aux élections à Hambourg et une série de sondages défavorables à la CDU-CSU.
D'après des statistiques du bureau de l'immigration et des réfugiés, il y a actuellement quelque 4 millions de musulmans en Allemagne dont 63 % sont d'origine turque. Par ailleurs, le magazine souligne un nouveau phénomène : une inversion du flux migratoire depuis quelques années, notamment avec la Turquie. Ainsi quelque 40.000 personnes sont retournées dans ce pays en 2009 et 30.000 ont immigré de Turquie vers l'Allemagne. Il est vrai que la Turquie a enregistré un taux de croissance de 8 % en 2010 et que le taux de chômage a donné des signes de se réduire.
18/3/2011
Source : Les Echos.fr